Pacific daylight time.
Rosa Chanina. Double shot. In vod.
The open bar philosophy.
Just name the brand. That goes.
Diesel dièse. Bémol. Montre molle.
Flat. Sharp.Treble clef. Swing.
Pacific delight time.
Book of faces. Fainting.
Reading me ? Papa. Tango. Charlie.
Save Our Souls. Dare you ?
Paris time. Grey gazouillis.
Bata clan. Inch Allah. Fainting.
Pacific daylight time.
And the national dog awareness day.
Get over the jack of spades. Mayday.
Whiskey Hotel Yankee Alpha Wiskhey Hotel Yankee.
Holy S ! Burgundy. Dali. Houdini.
The open bar philosophy.
LA MARC NOIRE
MARC DE GONDOLFO
Thursday, March 17, 2016
Wednesday, May 28, 2014
Thursday, April 03, 2014
Cité Montecristo.
Sur le jardin noir drapé du ciel de la cité
Montecristo.
Les fenêtres rouges du soir enchassées
Bardeau.
Comme un décor de théatre polichinelle
Tréteau.
Sous le halo tournant de la tour Eiffel
Pinceau.
Dans le staccato des insomnies concentriques
Dorémido.
Qui giclent sur ton dos aux dorures tantriques
Picasso.
Résilles aux cils de noir crêpe des bas couture
Bandeau.
Larmes déconfites rouges sang des confitures
Mikado.
J'ai pleuré ma vie si belle ribambelle mièvre
Au fil de l'eau.
Aux commissaires commissures de tes lèvres
Cadeaux.
Montecristo.
Les fenêtres rouges du soir enchassées
Bardeau.
Comme un décor de théatre polichinelle
Tréteau.
Sous le halo tournant de la tour Eiffel
Pinceau.
Dans le staccato des insomnies concentriques
Dorémido.
Qui giclent sur ton dos aux dorures tantriques
Picasso.
Résilles aux cils de noir crêpe des bas couture
Bandeau.
Larmes déconfites rouges sang des confitures
Mikado.
J'ai pleuré ma vie si belle ribambelle mièvre
Au fil de l'eau.
Aux commissaires commissures de tes lèvres
Cadeaux.
Sunday, October 20, 2013
Sans queue ni tête sur l'île Sainte Marie.
Flot visqueux, bouillon rouge et noir perlant sur l'horizon bas
Ombre sangsue qui me suit pour quêter sa bouteille de Coca
Sur la place rouge de terre battue ceinte de tiges et d'herbus
La rue sans fin du village s'est assemblée pour la fête du zébu
En transe, pieds trépignant sur place, les femmes en chapeaux
De paille et fichus de couleurs ânnonent et halètent des mots
Sans queue ni tête, sur l'île Sainte Marie.
Le zébu, patte arrière entravée, pleure de son oeil morne
Les jeunes hommes le narguent en courant devant ses cornes
Tête basse ployée vers le sol, sa bosse tremble sous les coups
Il titube de fatigue et de peur, robe noire grisou sous le joug
L'homme le plus lâche, crâne, gorgé d'alcool jusqu'à la gueule
Et le frappe en s'enfuyant, bouche tordue, haineuse et veule
Sans queue ni tête, sur l'île Sainte Marie.
Le zébu feint une dernière charge, ses forces le quittent
Sa robe de cérémonie s'infuse du noir de la nuit des rites
Il tombe. On plante ses cornes dans la terre, gorge offerte
Un flash. L'oeil perd sa lumière. L'herbe n'est plus verte
La lame. Cou coupé. Raie rouge. Bouillon. Soubressauts. Tu ris.
Tête à part. Pattes arrières qui fendent l'air. Réflexes de vie.
Sans queue ni tête, sur l'île Sainte Marie.
Zébu tu connais maintenant l'âme de l'homme, dis le là haut.
Qu'elle est saôule, lâche, triste et aussi noire que ta peau.
De l'autre côté de la route, une baleine me souffle au coeur
Mélodie de joie, qui m'arrache à ces entrailles qui meurent
Je repousse ton bras quémandeur, dents serrées, sans voix
Homme sangsue je vomis ton coca calice. Zébu roi en croix.
Sans queue ni tête, sur l'île Sainte Marie.
Ombre sangsue qui me suit pour quêter sa bouteille de Coca
Sur la place rouge de terre battue ceinte de tiges et d'herbus
La rue sans fin du village s'est assemblée pour la fête du zébu
En transe, pieds trépignant sur place, les femmes en chapeaux
De paille et fichus de couleurs ânnonent et halètent des mots
Sans queue ni tête, sur l'île Sainte Marie.
Le zébu, patte arrière entravée, pleure de son oeil morne
Les jeunes hommes le narguent en courant devant ses cornes
Tête basse ployée vers le sol, sa bosse tremble sous les coups
Il titube de fatigue et de peur, robe noire grisou sous le joug
L'homme le plus lâche, crâne, gorgé d'alcool jusqu'à la gueule
Et le frappe en s'enfuyant, bouche tordue, haineuse et veule
Sans queue ni tête, sur l'île Sainte Marie.
Le zébu feint une dernière charge, ses forces le quittent
Sa robe de cérémonie s'infuse du noir de la nuit des rites
Il tombe. On plante ses cornes dans la terre, gorge offerte
Un flash. L'oeil perd sa lumière. L'herbe n'est plus verte
La lame. Cou coupé. Raie rouge. Bouillon. Soubressauts. Tu ris.
Tête à part. Pattes arrières qui fendent l'air. Réflexes de vie.
Sans queue ni tête, sur l'île Sainte Marie.
Zébu tu connais maintenant l'âme de l'homme, dis le là haut.
Qu'elle est saôule, lâche, triste et aussi noire que ta peau.
De l'autre côté de la route, une baleine me souffle au coeur
Mélodie de joie, qui m'arrache à ces entrailles qui meurent
Je repousse ton bras quémandeur, dents serrées, sans voix
Homme sangsue je vomis ton coca calice. Zébu roi en croix.
Sans queue ni tête, sur l'île Sainte Marie.
Friday, April 12, 2013
Hippopotamus Hypothalamus
- Houlala c'est vraiment charmant ici ! Tu vois, je crois que l'on va être bien à cette table.
- Hubert c'est toujours délicieux les soirées avec toi... Oui on est bien.
- Oui tu trouves ? Moi aussi. Regarde la carte... Que du bonheur ! J'ai trop envie d'un tilapia ! Et toi ? Qu'est ce qui te ferais plaisir ?
- Ecoute Hubert, juste une salade pour moi. Demain je me lève à dix heures. Le chef des ventes, tu sais, Jean Jacques, je te l'ai présenté, m'a donné la journée. Je vais en profiter pour appeler mes parents. Quand je vais dire à mon père que Danièle Gilbert lui fait la bise...!
- Oui vraiment c'était incroyable de la voir elle et son mari ! Elle n'a pas changé !
- Hubert tu sais c'est quand même pas normal que ce soit moi qui lui ait ouvert la porte. José ne fait pas son travail correctement. Ils pourraient quand même mettre quelqu'un à la porte ! Imagine que personne n'ait ouvert ! Enfin, tu as vu comme elle était contente que je la reconnaisse ! Et quand je lui ais dit que mon père l'adorait !
- Houlala, bonjour madame ! On est bien chez vous. On vient d'aller danser au Queen. Juste une heure. Et nous avons faim. Pour moi ce sera un tilapia. Bien cuit s'il vous plait. Et pour toi Christian ?
- Pour moi juste une salade. Oui, voilà, une salade comme celle là.
- Et puis un chinon bien frais s'il vous plaît. Bien frais. Cela te va ? Vous donnez quel âge à mon ami ? Pas de chichis s'il vous plaît !
- Je ne sais pas. Il a l'air si jeune et si délicat. Vingt cinq ans ?
- Tu vois ! On lui donne toujours cet âge là. Il a trente deux ans. Et moi quarante de plus.
- Vous ne les faites pas tous les deux !
- Meercccii. Vous êtes charmante. Dites moi on voudrait aller danser à côté après le diner. Au 79. Mais cela a l'air désert. C'est toujours comme ça ? Vous nous le conseillez ?
- Hubert écoute on verra bien. De toute façon on est tous les deux.
- Oui tu as raison. Mais regarde ces ballons ! Ils sont superbes ! Là, là... accrochés à la rambarde. On peut en prendre un ? Oui ? Merci. Tiens accroche le à ton bras. C'est délicieux !
- Hubert c'est toujours délicieux les soirées avec toi... Oui on est bien.
- Oui tu trouves ? Moi aussi. Regarde la carte... Que du bonheur ! J'ai trop envie d'un tilapia ! Et toi ? Qu'est ce qui te ferais plaisir ?
- Ecoute Hubert, juste une salade pour moi. Demain je me lève à dix heures. Le chef des ventes, tu sais, Jean Jacques, je te l'ai présenté, m'a donné la journée. Je vais en profiter pour appeler mes parents. Quand je vais dire à mon père que Danièle Gilbert lui fait la bise...!
- Oui vraiment c'était incroyable de la voir elle et son mari ! Elle n'a pas changé !
- Hubert tu sais c'est quand même pas normal que ce soit moi qui lui ait ouvert la porte. José ne fait pas son travail correctement. Ils pourraient quand même mettre quelqu'un à la porte ! Imagine que personne n'ait ouvert ! Enfin, tu as vu comme elle était contente que je la reconnaisse ! Et quand je lui ais dit que mon père l'adorait !
- Houlala, bonjour madame ! On est bien chez vous. On vient d'aller danser au Queen. Juste une heure. Et nous avons faim. Pour moi ce sera un tilapia. Bien cuit s'il vous plait. Et pour toi Christian ?
- Pour moi juste une salade. Oui, voilà, une salade comme celle là.
- Et puis un chinon bien frais s'il vous plaît. Bien frais. Cela te va ? Vous donnez quel âge à mon ami ? Pas de chichis s'il vous plaît !
- Je ne sais pas. Il a l'air si jeune et si délicat. Vingt cinq ans ?
- Tu vois ! On lui donne toujours cet âge là. Il a trente deux ans. Et moi quarante de plus.
- Vous ne les faites pas tous les deux !
- Meercccii. Vous êtes charmante. Dites moi on voudrait aller danser à côté après le diner. Au 79. Mais cela a l'air désert. C'est toujours comme ça ? Vous nous le conseillez ?
- Hubert écoute on verra bien. De toute façon on est tous les deux.
- Oui tu as raison. Mais regarde ces ballons ! Ils sont superbes ! Là, là... accrochés à la rambarde. On peut en prendre un ? Oui ? Merci. Tiens accroche le à ton bras. C'est délicieux !
Sunday, January 27, 2013
Picador
Pique encore, mon corps, sournois picador
Plante fort, tes étriers d'or, ongles d'amor
Et puis harnache, lâche, ton bustier ganache
Et lache, les attaches, de tes seins bravaches
Quinte floche, stem christiania de poche
Salto arrière filoche, grande et grise loche
Fouette moi, de zébrures émois, sans foie
Ni lois, nie ton roi, laisse nous sans voix
Plante fort, tes étriers d'or, ongles d'amor
Et puis harnache, lâche, ton bustier ganache
Et lache, les attaches, de tes seins bravaches
Quinte floche, stem christiania de poche
Salto arrière filoche, grande et grise loche
Fouette moi, de zébrures émois, sans foie
Ni lois, nie ton roi, laisse nous sans voix
Tuesday, January 22, 2013
Lambeaux
Comme
des lambeaux
de chair
la vie
se détache
de moi
Je croyais
que cela
serait
vertigineusement
douloureux
autrefois
Mais finalement
ce ne l'est pas
des lambeaux
de chair
la vie
se détache
de moi
Je croyais
que cela
serait
vertigineusement
douloureux
autrefois
Mais finalement
ce ne l'est pas
Tuesday, December 04, 2012
Antilles priez pour nous
Douces îles, saoules au vent, qui oscillent entre sourde violence
Et tendresses alizées, encartées et figées en technicolor romance
Dehors le vent souffle hardiment, berçant docilement la moustiquaire
Il cogne effrontément aux fenêtres bleues de l’Habitation du vicaire
Des rafales arrachent aux palmiers leurs tiges souples et vertes
Hérissés de dorades aux yeux exorbités la gueule grande ouverte
Les esquifs des pécheurs sautent sur la vague que brise le corail
Et pointent leurs museaux sanglés de grands filets qui baillent
Jaillis de cent poumons endimanchés, les psaumes du chant sacré
Se déhanchent en cadence sur le parvis dans un rythme endiablé
Et puis les planches blanches de l’église Saint Pierre dégorgent
La foule qui s'ébroue sous les coups de boutoirs du soleil forge
Hommes et femmes, avec ou sans oreilles, au sang mêlé sourient
Doucement au soir qui vient, avant de grimacer sauvagement un pari
Regards brillants qui fixent les crêtes de deux coquelets décharnés
Qui s’affrontent saouls et titubants de leurs ergots de métal arnachés
Cahiman et mangue zécodinde,ti-coco
Pomelo et pomme surette, ti-coco
La mangouste nous guette esquisse de sourire au coin des lèvres
Comme un chaton attendrissant, avant de se jeter avec fièvre
Dents acérées, au garrot, sans jamais lâcher prise, sur le serpent
Qui la narguait, le long du sentier qui mène au coeur du volcan
Si calme aujourd’hui, recouvert de son abondante toison de buissons
Il laisse deviner en bas, la ville abandonnée, figée sous la fusion
Les bombes de basalte ont évidé les murs qui baillent aux étoiles
Dans la savane, la villa d'un planteur de bananes met les voiles
Dans d’antiques bâtis de planches, de tôles et de poulies rouillées
Les rhumeries écrasent sans pitié la canne en un jus de mélasse ambré
Qui coule par de multiples vaisseaux pour se bonifier en cœur de chauffe
Il chauffe, embaume les cœurs, guérit la faim et vous rend saint et sauf
Les saints qui s’alignent aux alentours en une mélopée sacrée surveillent
Résignés et hagards cette ambiguë douceur qui balance aux alizés vermeils
Des senteurs parfumées, des couleurs ouatées et des risées moqueuses
Des huiles frelatées, de la colle à fumer et des effluves douteuses
Cahiman et mangue zécodinde,ti-coco
Pomelo et pomme surette, ti-coco
Saint Jean et Saint André priez pour nous
Saint Paul et Saint Pierre, priez pour nous
Saint François et Saint Jacques priez pour nous
Saint André et Saint Matthieu , priez pour nous
Sainte Marie aussi
Amen
Monday, November 26, 2012
Cabane à sucre
Sur l'île d'Orléans, autrefois, toi émoi, et toi, et moi, ma mie
Nos langues, s'auscultent, se sculptent, se scalpent et s'épient
Cette province ne jacte pas ta langue, tu as la mienne pour horizon
Les peintures de guerre de tes lèvres colorent mon cou de corindon
Tu polaroides à tout va pour ton magazine de décoration américain
Ce décor insolite quadra color se pare d'un léger goût sucré cajun
La route tournoie, enlacée, ourlée de vert toute de blanc poudrée
Le vent aboie, ta main exhale dans la mienne un musc d'ocre parfumé
Les lumières de Québec vacillent au loin comme des feux follets
A même le flot se dresse comme un iceberg figé la tour du guet
Et sur le Saint Laurent qui mugit surgissant d'une brume mélasse
Tanguent les coques rouges et hautes des bateaux brise glace
Les érables supportent stoiquement la bolée de métal à leurs flancs
Et la saignée longiligne qui les vident lentement du jus sucré gluant
Dehors poudroie d'éclats blancs la nappe éblouissante de neige vierge
Dans la cabane à sucre rougoie la braise de métal de l'alambic cierge
De sa bouche jaillit le sucre et des bulles frémissantes et cuivrées
Les grandes gamelles débordent jusqu'à la gueule de la pâte ambrée
Le sucre d'érable en fusion posé sur un trépied comme sur un écrin
Repose comme un bijou sur la neige qui brule nos coeurs et nos mains
Tu souris heureuse de découvrir cette province inconnue de ton pays
Le sourire de tes yeux peints et de tes lèvres doucement m'envahit
Ontario, Ile de France, Sangs mélés algonquins
Notre cabane d'un moment sans lendemains aucun
Ma mie, l'île d'Orléans, C'était il y a cent ans
Une cabane de l'eau delà, Notre cabane au Canada
Nos langues, s'auscultent, se sculptent, se scalpent et s'épient
Cette province ne jacte pas ta langue, tu as la mienne pour horizon
Les peintures de guerre de tes lèvres colorent mon cou de corindon
Tu polaroides à tout va pour ton magazine de décoration américain
Ce décor insolite quadra color se pare d'un léger goût sucré cajun
La route tournoie, enlacée, ourlée de vert toute de blanc poudrée
Le vent aboie, ta main exhale dans la mienne un musc d'ocre parfumé
Les lumières de Québec vacillent au loin comme des feux follets
A même le flot se dresse comme un iceberg figé la tour du guet
Et sur le Saint Laurent qui mugit surgissant d'une brume mélasse
Tanguent les coques rouges et hautes des bateaux brise glace
Les érables supportent stoiquement la bolée de métal à leurs flancs
Et la saignée longiligne qui les vident lentement du jus sucré gluant
Dehors poudroie d'éclats blancs la nappe éblouissante de neige vierge
Dans la cabane à sucre rougoie la braise de métal de l'alambic cierge
De sa bouche jaillit le sucre et des bulles frémissantes et cuivrées
Les grandes gamelles débordent jusqu'à la gueule de la pâte ambrée
Le sucre d'érable en fusion posé sur un trépied comme sur un écrin
Repose comme un bijou sur la neige qui brule nos coeurs et nos mains
Tu souris heureuse de découvrir cette province inconnue de ton pays
Le sourire de tes yeux peints et de tes lèvres doucement m'envahit
Ontario, Ile de France, Sangs mélés algonquins
Notre cabane d'un moment sans lendemains aucun
Ma mie, l'île d'Orléans, C'était il y a cent ans
Une cabane de l'eau delà, Notre cabane au Canada
Tuesday, July 31, 2012
Summer squall
He had left hurrily, leaving nothing but his sail, on the horizon
Shaky signature, to the vivid nature of our souls, you moron
On the pier, i laid down, the letter in my hand, falling words of ink
The squall of the night, in one bite, had left all of the past sink
May you drown, with your misteries, man of sweet words
Let me drown, with my memories, of sad vibrating chords
Tuesday, July 17, 2012
Le Havre
Le Havre le 25 juillet 1848
Ma Juliette bien aimée,
J’ai été obligé de passer toute la nuit de samedi à dimanche à mettre tout bien en ordre dans la maison et à bien écrire tous mes comptes.
Dimanche matin, je suis allé payer Monsieur C, puis je suis allé voir Auguste et Monsieur N. Je te rassure ils, ne sont nullement contrariés que tu n’y sois pas allée. J'ai donné à Madame H l’adresse de C. Je pensais que tu lui avais donné les chenets et je ne lui ai pas demandé d’argent. J’ai aussi porté la pendule chez Monsieur G et il m’a remis trois lettres de recommandation, Monsieur M m'en a aussi donné une, ainsi que Monsieur V : J'ai ainsi cinq lettres de recommendation en plus de celle de Monsieur M, qui me feront toutes du bien, j’en ai l’espoir.
J’ai dîné dimanche soir chez Monsieur B. J’ai bavardé avec lui, plusieurs heures et j'ai pris des notes et je sais que cela, aussi, me servira beaucoup.
Je ne suis parti que dimanche soir à 11 heures de Paris, et j’ai bien fait. En voyageant ainsi de nuit, je n'ai pas eu à payer de dîner au Havre, ni de lit. J’ai dormi un peu dans le chemin de fer car il y avait deux nuits que je n’avais pas beaucoup dormi. Malgré toutes les inquiétudes de Paul, il ne m’est rien arrivé de dangereux dans cette traversée de nuit. En voyageant ainsi je n'ai payé ma place que 12 francs soit 3,50 francs de moins que si j'avais voyagé de jour. Cette économie était la bienvenue car j’ai eu 8,25 francs d’excédent de bagages. Ainsi Paul, qui voulait emporter toutes ses malles avec lui, aurait payé au moins 40 F pour sa place.
J'ai quitté Paris, après avoir réglé toutes mes affaires. Je n’ai pas laissé un centime de dette. Excepté l’argent emprunté, personne ne pourra dire après moi.J’ai payé la note du boulanger de juin et juillet. Je pensais que tu avais payé juin, mais ce n'était pas le cas. J’ai donné 5 francs au concierge pour les deux carreaux cassés, et 3 francs d’adieu. Ce sont, vraiment, de bien braves gens qui s’intéressent à nous et nous aiment bien.
J’ai reçu 4 francs des fossiers, 2 francs de Monsieur G et 4 francs de Monsieur S. Monsieur D m'a réglé les 95 francs qu'il me devait et Monsieur R m’a payé 65 francs. J’ai aussi été obligé de payer entièrement Monsieur F, qui n’a pas voulu attendre quelques mois de plus pour les 80 francs que je lui devais, ce qui m'a beaucoup géné.
Au final, malgré toute mon économie, il ne me restera pas plus de 130 francs pour le grand départ mais, d'après mes calculs, cela devrait être suffisant. Je ne vais pas dépenser un centime en route. Si ces 130 francs n’étaient pas assez pour payer la douane Chilienne, je pourrais toujours faire appel sur place à Monsieur M qui a l'air bien bon.
La dépense est en effet ici bien grande malgré mes précautions. Je dépense 3,50 francs par jour, ce qui est bien lourd. Je suis dans un des hotels les plus économiques du Havre mais le lit me coute 1 franc par jour, le déjeuner 1 franc et le diner 1,50 francs.
Me voilà dans la solitude et déjà séparé de toi, et je rumine à chaque instant notre pénible séparation. C'est avec une immense douleur que je te revois, ma bien aimée, monter dans la voiture et t'éloigner irrémédiablement vers Le Mans et si loin de moi. Oh, quelle grande douleur!
Ma Juliette bien aimée,
J’ai été obligé de passer toute la nuit de samedi à dimanche à mettre tout bien en ordre dans la maison et à bien écrire tous mes comptes.
Dimanche matin, je suis allé payer Monsieur C, puis je suis allé voir Auguste et Monsieur N. Je te rassure ils, ne sont nullement contrariés que tu n’y sois pas allée. J'ai donné à Madame H l’adresse de C. Je pensais que tu lui avais donné les chenets et je ne lui ai pas demandé d’argent. J’ai aussi porté la pendule chez Monsieur G et il m’a remis trois lettres de recommandation, Monsieur M m'en a aussi donné une, ainsi que Monsieur V : J'ai ainsi cinq lettres de recommendation en plus de celle de Monsieur M, qui me feront toutes du bien, j’en ai l’espoir.
J’ai dîné dimanche soir chez Monsieur B. J’ai bavardé avec lui, plusieurs heures et j'ai pris des notes et je sais que cela, aussi, me servira beaucoup.
Je ne suis parti que dimanche soir à 11 heures de Paris, et j’ai bien fait. En voyageant ainsi de nuit, je n'ai pas eu à payer de dîner au Havre, ni de lit. J’ai dormi un peu dans le chemin de fer car il y avait deux nuits que je n’avais pas beaucoup dormi. Malgré toutes les inquiétudes de Paul, il ne m’est rien arrivé de dangereux dans cette traversée de nuit. En voyageant ainsi je n'ai payé ma place que 12 francs soit 3,50 francs de moins que si j'avais voyagé de jour. Cette économie était la bienvenue car j’ai eu 8,25 francs d’excédent de bagages. Ainsi Paul, qui voulait emporter toutes ses malles avec lui, aurait payé au moins 40 F pour sa place.
J'ai quitté Paris, après avoir réglé toutes mes affaires. Je n’ai pas laissé un centime de dette. Excepté l’argent emprunté, personne ne pourra dire après moi.J’ai payé la note du boulanger de juin et juillet. Je pensais que tu avais payé juin, mais ce n'était pas le cas. J’ai donné 5 francs au concierge pour les deux carreaux cassés, et 3 francs d’adieu. Ce sont, vraiment, de bien braves gens qui s’intéressent à nous et nous aiment bien.
J’ai reçu 4 francs des fossiers, 2 francs de Monsieur G et 4 francs de Monsieur S. Monsieur D m'a réglé les 95 francs qu'il me devait et Monsieur R m’a payé 65 francs. J’ai aussi été obligé de payer entièrement Monsieur F, qui n’a pas voulu attendre quelques mois de plus pour les 80 francs que je lui devais, ce qui m'a beaucoup géné.
Au final, malgré toute mon économie, il ne me restera pas plus de 130 francs pour le grand départ mais, d'après mes calculs, cela devrait être suffisant. Je ne vais pas dépenser un centime en route. Si ces 130 francs n’étaient pas assez pour payer la douane Chilienne, je pourrais toujours faire appel sur place à Monsieur M qui a l'air bien bon.
La dépense est en effet ici bien grande malgré mes précautions. Je dépense 3,50 francs par jour, ce qui est bien lourd. Je suis dans un des hotels les plus économiques du Havre mais le lit me coute 1 franc par jour, le déjeuner 1 franc et le diner 1,50 francs.
Me voilà dans la solitude et déjà séparé de toi, et je rumine à chaque instant notre pénible séparation. C'est avec une immense douleur que je te revois, ma bien aimée, monter dans la voiture et t'éloigner irrémédiablement vers Le Mans et si loin de moi. Oh, quelle grande douleur!
Wednesday, April 11, 2012
Le Lido de Roméo
A grands coups d'oeufs de Paques en plastique, Roméo persécute avec acharnement les pigeons. Son sourire radieux illumine la façade de Saint Marc. Sa photo, happée, happée, happée, s'envole en Amérique et en Asie. Roméo est blond, il a les yeux bleus et un sourire qui fait croire à la vie.
Bateau ! bateau ! Le doigt pointe indifférement motoscafos et vaporettos en transperçant la foule qui ondule sur la houle. Pas un regard pour le pont des soupirs mais sur le porche de la Fenice Roméo tape dans les mains des élèves en goguette. Une main après l'autre. Trente ou quarante. On ne peut rien lui refuser. Roméo est blond.
Au café Florian, il monte sur la scène, applaudit, prend les maracas qu'on lui tend et joue les battements de son coeur. Maintenant c'est l'orchestre qui sourit. Une marquise le soulève pour mieux l'embrasser. Giudecca et Lido se plient pour l'enlacer. Roméo a les yeux bleus.
Devant San Giorgio un chanteur de rue, lui prend la main. Roméo a son opéra en digital diaporama. Photos. Dans la cébille pleuvent les euros. Pas un chien qui n'ait sa caresse, pas un chat sans entrechat. Pas un pont sans chanson. Roméo a un sourire qui fait croire à la vie.
Au soir, sur le patio, nichée à sa fenêtre comme une noire gargouille, une vieille femme fixe le ciel longuement, bouche ouverte, comme si elle allait avaler la lune. Roméo lui fait un signe, la lune se penche vers eux deux et leur sourit. Roméo a trois ans et toute la vie pour lui. Sa main dans la mienne et Venise pour fiancée.
Bateau ! bateau ! Le doigt pointe indifférement motoscafos et vaporettos en transperçant la foule qui ondule sur la houle. Pas un regard pour le pont des soupirs mais sur le porche de la Fenice Roméo tape dans les mains des élèves en goguette. Une main après l'autre. Trente ou quarante. On ne peut rien lui refuser. Roméo est blond.
Au café Florian, il monte sur la scène, applaudit, prend les maracas qu'on lui tend et joue les battements de son coeur. Maintenant c'est l'orchestre qui sourit. Une marquise le soulève pour mieux l'embrasser. Giudecca et Lido se plient pour l'enlacer. Roméo a les yeux bleus.
Devant San Giorgio un chanteur de rue, lui prend la main. Roméo a son opéra en digital diaporama. Photos. Dans la cébille pleuvent les euros. Pas un chien qui n'ait sa caresse, pas un chat sans entrechat. Pas un pont sans chanson. Roméo a un sourire qui fait croire à la vie.
Au soir, sur le patio, nichée à sa fenêtre comme une noire gargouille, une vieille femme fixe le ciel longuement, bouche ouverte, comme si elle allait avaler la lune. Roméo lui fait un signe, la lune se penche vers eux deux et leur sourit. Roméo a trois ans et toute la vie pour lui. Sa main dans la mienne et Venise pour fiancée.
Thursday, March 01, 2012
San Francisco
Ma chérie
Je ne sais quand cette lettre te parviendra. Je la laisse aux bons soins d'un capitaine qui devrait être de retour au Havre d'içi quatre ou cinq mois. Je viens de quitter Valparaiso, non sans de grandes hésitations, et me voilà désormais à San Francisco en Californie. Cette bourgade grouille, depuis quelques mois, des nouveaux immigrants qui viennent de partout en quête de l'or que l'on rapporte y trouver en grandes quantités. Il n'y a pas un an c'était un village qui s'appelait encore Yerba Buena avec quelques huttes, deux ou trois maisons en torchis et un monastère espagnol en désherence. La toute nouvelle indépendance de la Californie, libérée du Mexique, et la découverte de l'or ont créé une folie contagieuse. Américains venus du continent, mexicains, chiliens, français tous se pressent içi.
Me voilà désormais parmi eux, bien conscient de la vanité de cette quête et de tous les dangers qui guettent les immigrants dans ces contrées hostiles.
Nous verrons bien. Je viens de débarquer et je te raconterai tout cela plus en détail dès que possible, mais le capitaine me presse car il va bientôt mettre sous voile.
Je t'embrasse tendrement.
R
Saturday, February 04, 2012
La révolution
Jai toujours travaillé sérieusement. Mon objectif n'était pas de devenir riche, mais simplement d'obtenir une modeste aisance pour mes vieux jours, et ceux de ma tendre compagne,mais la révolution de février 1848 a anéanti tous mes espoirs et les rares affaires qui subsistaient.
Après la proclamation de la deuxième République et les journées de Juin la situation devint de plus en plus tragique. Il ne se passait pas un mois sans que la capitale ne fût témoin de troubles très graves. Les déplorables journées de Juin, qui suivirent la fermeture des ateliers nationaux, virent peuples et frères s'entretuer par la mitraille, le fer et le feu. Quelles tristes journées qui firent plus quatre mille morts et des milliers de déportés ! Dans les annales de notre histoire, depuis dix huit siècles, jamais meurtres, jamais guerres ne furent aussi atroces. Chaque rue de Paris avait sa dizaine de barricades, toutes formidables et vaillamment défendues. On a tiré au canon sur le panthéon. Monseigneur Affre a été tué sur une barricade au faubourg Saint Antoine.On a anénanti le peuple de Paris et arrété plus de vingt mille personnes. Le général Cavaignac a repris le contrôle mais à quel prix !
Dans ces tristes et malheureuses circonstances, je m'acquittais, avec zèle et empressement,en bon compatriote,de mon devoir comme Garde National mais toutes mes affaires péricilitèrent, et tous les projets que je formais avant ce grave événement furent anéantis. Je compris vite que la crise durerait longtemps. Bien que je sois très économe, je ne gagnais presque plus et dépensais plus que mon gain.
Je savais que mon métier, lié à l'univers du luxe aurait à souffrir plus longtemps que d'autres de cette crise. Les maisons d'horlogerie qui me donnaient du travail avaient habituellement des clients fortunés ainsi que de riches étrangers de passage à Paris. Il n'y avait pas à douter que cette clientèle ne serait plus aussi présente avant longtemps.
Ayant bien pesé toutes ces considérations j'eu l'idée du projet que j'exécute aujourd'hui. Je dois avouer que cette idée germait en moi, en songe, depuis plusieurs années mais les difficultés sans nombre qui seraient à surmonter m'avaient jusqu'à présent retenu. Avant la révolution mon occupation me permettait de gagner correctement ma vie et j'hésitais à courir après d'incertaines chimères.
Mais soudain, en voyant la révolution éclater en France, je sondais plus mûrement mon plan et je me résolus rapidement, en accord avec ma bien-aimée Juliette, à quitter Paris, et à chercher à me créer en Amérique une position meilleure.
Sunday, January 22, 2012
Oyster babe
Rainbow brings sunshine.
And your smile gets mine.
Café and french kiss.
Paris and also Venice.
Dancing naked in a casino.
Licking lips and a malboro.
This world is our oyster baby.
Go honey. La vie you and me.
And your smile gets mine.
Café and french kiss.
Paris and also Venice.
Dancing naked in a casino.
Licking lips and a malboro.
This world is our oyster baby.
Go honey. La vie you and me.
Monday, June 27, 2011
Uluru Boomorang.
Sous le halo du soleil qui se couche en tremblant
La peau parcheminée et veinée du roc sacré rougit
L’aborigène, qui va devenir homme, caresse en se hissant
Souffle court le dos rond et chaud du monstre assoupi
Il sait depuis long temps tout des failles qui en orne les flancs
Cette nuit il a vu en rêve ses pairs les kangourous et les dingos
Et il a bu aux billabongs avec les crocodiles de tous les marigots
Et il a vu les siens exsuder par leurs pores l'eau de feu des blancs
Hier il capturait son premier brumbie dans un rêve image.
Aujourd'hui il chevauche sur le dos de l'outback sauvage.
Yeux bandés il se hisse pour faire honneur à ses ancêtres
Et démontrer qu'il est digne d'être un homme à ses maîtres.
Le guttural didgeridoo souffle dans son oreille intérieure
Un son rauque qui porte ses couleurs et gonfle son coeur
Refusant la chaine guide de l'homme blanc qui longe le ravin
Il trotte sur les écailles du monstre en se guidant des mains
Les bourrasques de vent venues du bush le collent à la paroi
Mais de son frère le vent il connaît déjà tout des lois
Il s'accroche, puis ses pieds se font plats, l'air se fait monde
Il enlève le bandeau, ouvre les bras et en lui l'univers abonde
En silence pour ne pas réveiller la tête du serpent arc en ciel
Il enfouit dans le sable ocre la sienne et il l'enduit de miel
Puis il dépose sa sève vierge dans une anfractuosité du rocher
Une rafale du vent lui confirme que la tribu vient de l'adouber
Le roc apaisé s'assoupit d'un sommeil qui n'a plus rien de féroce
L'homme nouveau né saisit son boomerang et le jette avec force
Dans un aller retour précis qui s'inscrit du soleil à la nuit
L'enfant et l'homme, le rêve, l'homme et la terre font fruit
Tuesday, June 21, 2011
Bloc 8.
Le taxi avait laissé Tony dans le quartier Vostok au pied du bloc 8. Il était loin le temps glorieux du programme spatial Vostok et le quartier faisait triste figure. La masse grise de l'immeuble lui barrait la route comme une barrière infranchissable hérissée de bow windows hétéroclites bricolés de bois ou de tôles aux couleurs délavées.
Mais Tony commençait à connaitre la géographie des lieux et il s'engagea d'un pas vif dans le passage vouté qui menait dans la cour. La géographie de la ville était toujours la même. Au milieu de la steppe jaunie les prisonniers avaient construit, bloc après bloc, des microdistricts. Chaque micordistrict s'articulait autour d'une barre de béton formant carré. Au milieu de chaque carré se cachait une cour. Chaque cour abritait quelques arbres, d'énormes tuyaux de chauffage sur pilotis formant d'extravagants coudes pour franchir des obstacles et laissant s'échapper des nuages de vapeur, et quelques aires de jeux déglinguées et rouillées pour les enfants. Un vrai rêve de Gosplan.
Tony se dirigea vers la boutique du bas pour s'approvisonner en bouteilles d'eau. Il avait appris à prendre ses précautions et en prenait toujours trois, de cinq litres chacune, pour pouvoir alimenter aussi la baignoire en cas de coupure d'eau. Quand Slava était là celui çi lui donnait un coup de main pour les monter dans l'appartement au troisième.
"Ne pas oublier les graines pour Mizzi" se dit-il. Le passerin était son seul lien avec le monde d'avant et il fallait le protéger de cet environnement difficile. Il lui avait aménagé une petite cage dans le bow bindow où il avait l'abitude d'aller fumer ses cigarettes. Mizzi fumait avec lui.
Tony savait qu'il ne fallait pas trainer. Les dizaines de milliers d'euros et de dollars qu'il cachait dans une poche intérieure sur son ventre étaient trop tentants.
Il avait pris grand soin de s'habiller le plus simplement possible pour ne pas avoir l'air trop occidental mais ses allées et venues en taxi depuis plusieurs semaines n'avaient pas dù passer inaperçus.
Et puis il y avait la milice du quartier. Slava lui avait dit que c'était surtout d'eux qu'il fallait se méfier.
Mais Tony commençait à connaitre la géographie des lieux et il s'engagea d'un pas vif dans le passage vouté qui menait dans la cour. La géographie de la ville était toujours la même. Au milieu de la steppe jaunie les prisonniers avaient construit, bloc après bloc, des microdistricts. Chaque micordistrict s'articulait autour d'une barre de béton formant carré. Au milieu de chaque carré se cachait une cour. Chaque cour abritait quelques arbres, d'énormes tuyaux de chauffage sur pilotis formant d'extravagants coudes pour franchir des obstacles et laissant s'échapper des nuages de vapeur, et quelques aires de jeux déglinguées et rouillées pour les enfants. Un vrai rêve de Gosplan.
Tony se dirigea vers la boutique du bas pour s'approvisonner en bouteilles d'eau. Il avait appris à prendre ses précautions et en prenait toujours trois, de cinq litres chacune, pour pouvoir alimenter aussi la baignoire en cas de coupure d'eau. Quand Slava était là celui çi lui donnait un coup de main pour les monter dans l'appartement au troisième.
"Ne pas oublier les graines pour Mizzi" se dit-il. Le passerin était son seul lien avec le monde d'avant et il fallait le protéger de cet environnement difficile. Il lui avait aménagé une petite cage dans le bow bindow où il avait l'abitude d'aller fumer ses cigarettes. Mizzi fumait avec lui.
Tony savait qu'il ne fallait pas trainer. Les dizaines de milliers d'euros et de dollars qu'il cachait dans une poche intérieure sur son ventre étaient trop tentants.
Il avait pris grand soin de s'habiller le plus simplement possible pour ne pas avoir l'air trop occidental mais ses allées et venues en taxi depuis plusieurs semaines n'avaient pas dù passer inaperçus.
Et puis il y avait la milice du quartier. Slava lui avait dit que c'était surtout d'eux qu'il fallait se méfier.
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Tuée pierre. Conte fantastique
Saturday, April 23, 2011
Nadia
Nadia, l'interprète imposée par le gouverneur, faisait triste figure.
Tony remarqua qu'elle avait fait couper ses cheveux. Les mèches courtes restantes donnaient à son visage un air halluciné. Elle lui tendit une nouvelle pile de documents à signer. Il ne parvenait pas à se faire à l'écriture cyrillique avec tous ces lettrages faux amis. Elle lui dit que c'étaient les mêmes que ceux qu'il avait signé la semaine précédente mais qu'il y avait eu une erreur et qu'il fallait tout reprendre à zéro.
- "Just for you to know" ajouta t elle à nouveau.
Tony maugréa et reprit, résigné, la fastidieuse besogne : nom, prénom, deuxième prénom, troisième prénom, adresse, numéro de passeport, numéro de visa...Encore une fois il allait signer des documents auxquels il ne comprenait rien sur la foi des traductions de Nadia.
Il lui demanda des nouvelles de Zulfia, à la triste figure. Elle n'en avait pas non plus. Tony avait appris incidemment la veille que le mari de Zulfia s'était fait assassiner deux ans auparavant par la mafia. Cela expliquait peut être la tenue constamment noire de Zulfia. Son coeur de pierre noire. Le noir du charbon avait d'ailleurs l'air d'avoir déteint sur la ville aux dix mines et cinquante goulags. Noir et gris, grisaille et noirceur.
Une fois les documents signés, Tony se fit déposer en taxi au centre ville. Le chauffeur, un étudiant faisant des extras, sidéré de voir un occidental dans sa voiture et occupé à s'essayer à quelques mots en anglais, brula plusieurs feux rouges. Tony lui laissa un gros pourboire. Puis Tony erra quelque temps à la recherche d'une terrasse mais le froid était trop brutal pour qu'elles soient ouvertes. Sur le bas coté des ouvriers cassaient la glace des trottoirs à coups de barres de métal en sifflotant. Tony se retrouva, sans y prendre garde, dans un quartier de vieilles isbas de bois, rongé par quelques riches villas de briques ceintes de barbelés. Devant l'une d'entre elles plusieurs femmes, assez jolies, faisaient la queue. Curieux Tony entra. Sur la droite il y avait de grands sacs en plastique pleins de cheveux et sur la gauche deux coiffeurs officiaient à la chaine sans un mot.
Des cheveux pour quelque menue monnaie. Sur l'un des sacs était inscrit, en anglais, "venitian blond" et Tony comprit soudain l'air halluciné ce matin de Nadia. Un chant lancinant, jailli du minaret de la mosquée, perça soudain le silence. Glaçant. Mais il allait en falloir plus pour le décourager.
Tony remarqua qu'elle avait fait couper ses cheveux. Les mèches courtes restantes donnaient à son visage un air halluciné. Elle lui tendit une nouvelle pile de documents à signer. Il ne parvenait pas à se faire à l'écriture cyrillique avec tous ces lettrages faux amis. Elle lui dit que c'étaient les mêmes que ceux qu'il avait signé la semaine précédente mais qu'il y avait eu une erreur et qu'il fallait tout reprendre à zéro.
- "Just for you to know" ajouta t elle à nouveau.
Tony maugréa et reprit, résigné, la fastidieuse besogne : nom, prénom, deuxième prénom, troisième prénom, adresse, numéro de passeport, numéro de visa...Encore une fois il allait signer des documents auxquels il ne comprenait rien sur la foi des traductions de Nadia.
Il lui demanda des nouvelles de Zulfia, à la triste figure. Elle n'en avait pas non plus. Tony avait appris incidemment la veille que le mari de Zulfia s'était fait assassiner deux ans auparavant par la mafia. Cela expliquait peut être la tenue constamment noire de Zulfia. Son coeur de pierre noire. Le noir du charbon avait d'ailleurs l'air d'avoir déteint sur la ville aux dix mines et cinquante goulags. Noir et gris, grisaille et noirceur.
Une fois les documents signés, Tony se fit déposer en taxi au centre ville. Le chauffeur, un étudiant faisant des extras, sidéré de voir un occidental dans sa voiture et occupé à s'essayer à quelques mots en anglais, brula plusieurs feux rouges. Tony lui laissa un gros pourboire. Puis Tony erra quelque temps à la recherche d'une terrasse mais le froid était trop brutal pour qu'elles soient ouvertes. Sur le bas coté des ouvriers cassaient la glace des trottoirs à coups de barres de métal en sifflotant. Tony se retrouva, sans y prendre garde, dans un quartier de vieilles isbas de bois, rongé par quelques riches villas de briques ceintes de barbelés. Devant l'une d'entre elles plusieurs femmes, assez jolies, faisaient la queue. Curieux Tony entra. Sur la droite il y avait de grands sacs en plastique pleins de cheveux et sur la gauche deux coiffeurs officiaient à la chaine sans un mot.
Des cheveux pour quelque menue monnaie. Sur l'un des sacs était inscrit, en anglais, "venitian blond" et Tony comprit soudain l'air halluciné ce matin de Nadia. Un chant lancinant, jailli du minaret de la mosquée, perça soudain le silence. Glaçant. Mais il allait en falloir plus pour le décourager.
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Wednesday, February 23, 2011
L'édito de Montparno
Le bar est pris d'assaut mais il y reste un tabouret au comptoir. Coincé, dans la chaleur complice, entre une jeune femme pendue au téléphone, et deux couples.
- Garçon un côte de blaye s'il vous plait.
- Vous avez trouvé une place ? Bien joué. Cela arrive de suite !
Joker. En fait, j'ai fait un croc en jambes à un vieux monsieur, il faut bien l'avouer.
La conversation d'un des couples est fort animée. Lui, un peu plus de la soixantaine, a l'air sage et apaisé d'un professeur d'académie avec sa calvitie et de grosses lunettes, et une pointe d'humour au coin de l'oeil. Elle, la trentaine, cheveux mi courts a un décolleté très plongeant qui souligne une gorge très blanche et plantureuse. Je pique du nez dans mon chili con carne.
- Bon tu voudrais qu'il sorte quand ton bouquin ? 2013 ca te va ?
- Oui, oui. C'est bien.
- On part comme d'habitude sur 200 000 ?
- Oui enfin, disons plutôt autour de 150 000 exemplaires je pense. Cela sera une toute petite histoire.
- Bon pour ce livre je vois un objet un peu magique, une couverture bijou, en métal argenté peut être. En tout cas, un truc qui fait rêver. Tu as des désidératas pour les dimensions ou la pagination ?
- Non,non. Comme d'habitude.
- Ok ! Bon parle moi un peu du pitch. Ce livre je veux que cela soit un roman piloté. Quelque chose que l'on a l'habitude de voir chez toi mais avec des surprises quand même et qui va avec certitude vers son but. Un roman piloté quoi ! Dans son jus...mais un roman piloté quand même. Alors c'est quoi le pitch ?
- Pour l'instant j'ai peu d'éléments tu sais. J'ai juste fait un petit topo à Pierre Bonte il y a trois jours. Très préliminaire.
- Pierre Bonte ? Il commence à se faire vieux celui là, mais je l'admire aussi. Quand tu penses que son premier livre est sorti dans les années soixante et il vend toujours aussi bien... Alors vas y, dis moi. Tu sais je suis là et je suis comme lorsque on est avec un homme que l'on dévore des yeux et avec lequel on sait qu'on va faire l'amour plus tard. J'ai faim de cette histoire! Il faut que cela reste une histoire entre nous deux et que tu n'en parles à personne d'autre.
- A vrai dire je ne tiens pas encore l'histoire pour l'instant. C'est un groupe d'amis, d'hommes en fait, qui se réunissent tous les ans au même endroit. Cela part de là. Le reste va venir.
- Tu sais moi cela me va, ça m'excite même terriblement, mais cela m'étonnerait que cela suffise à G et O quand je vais leur en parler.
- C'est tout ce que j'ai pour l'instant. Mais tu sais cela va venir dès que je vais m'y mettre.
- Je vois une belle couverture argent métal. Dis, en passant tu pourrais me dédicacer tes trois romans ? je les ai là.
- Pas de problème passe les moi.
- On se reprend une coupe ?
- Avec plaisir. A ce propos au dernier salon de Lille on m'a donné une bouteille de Sauternes extraordinaire !
- C'est dingue tu sais que tu as de intonations à la Petitrenaud quand tu dis ça ! Il faut que je t'emmène dans un petit restaurant à côté. Sublime. A deux pas d'ici. Et pas de discours spécialisé là bas. J'ai horreur de cela ! C'est dans son jus tu m'en donneras des nouvelles. Au fait tu vas au salon de Lyon cette année ?
Mon autre voisine me fait du genou sous la table tout en continuant de téléphoner. Je ne crois pas qu'elle m'ait regardé une seule fois.
- Garçon vous me donnerez le petit frère s'il vous plait !
- Un côte ? Monsieur aime les belles choses ! Tout de suite !
- Garçon un côte de blaye s'il vous plait.
- Vous avez trouvé une place ? Bien joué. Cela arrive de suite !
Joker. En fait, j'ai fait un croc en jambes à un vieux monsieur, il faut bien l'avouer.
La conversation d'un des couples est fort animée. Lui, un peu plus de la soixantaine, a l'air sage et apaisé d'un professeur d'académie avec sa calvitie et de grosses lunettes, et une pointe d'humour au coin de l'oeil. Elle, la trentaine, cheveux mi courts a un décolleté très plongeant qui souligne une gorge très blanche et plantureuse. Je pique du nez dans mon chili con carne.
- Bon tu voudrais qu'il sorte quand ton bouquin ? 2013 ca te va ?
- Oui, oui. C'est bien.
- On part comme d'habitude sur 200 000 ?
- Oui enfin, disons plutôt autour de 150 000 exemplaires je pense. Cela sera une toute petite histoire.
- Bon pour ce livre je vois un objet un peu magique, une couverture bijou, en métal argenté peut être. En tout cas, un truc qui fait rêver. Tu as des désidératas pour les dimensions ou la pagination ?
- Non,non. Comme d'habitude.
- Ok ! Bon parle moi un peu du pitch. Ce livre je veux que cela soit un roman piloté. Quelque chose que l'on a l'habitude de voir chez toi mais avec des surprises quand même et qui va avec certitude vers son but. Un roman piloté quoi ! Dans son jus...mais un roman piloté quand même. Alors c'est quoi le pitch ?
- Pour l'instant j'ai peu d'éléments tu sais. J'ai juste fait un petit topo à Pierre Bonte il y a trois jours. Très préliminaire.
- Pierre Bonte ? Il commence à se faire vieux celui là, mais je l'admire aussi. Quand tu penses que son premier livre est sorti dans les années soixante et il vend toujours aussi bien... Alors vas y, dis moi. Tu sais je suis là et je suis comme lorsque on est avec un homme que l'on dévore des yeux et avec lequel on sait qu'on va faire l'amour plus tard. J'ai faim de cette histoire! Il faut que cela reste une histoire entre nous deux et que tu n'en parles à personne d'autre.
- A vrai dire je ne tiens pas encore l'histoire pour l'instant. C'est un groupe d'amis, d'hommes en fait, qui se réunissent tous les ans au même endroit. Cela part de là. Le reste va venir.
- Tu sais moi cela me va, ça m'excite même terriblement, mais cela m'étonnerait que cela suffise à G et O quand je vais leur en parler.
- C'est tout ce que j'ai pour l'instant. Mais tu sais cela va venir dès que je vais m'y mettre.
- Je vois une belle couverture argent métal. Dis, en passant tu pourrais me dédicacer tes trois romans ? je les ai là.
- Pas de problème passe les moi.
- On se reprend une coupe ?
- Avec plaisir. A ce propos au dernier salon de Lille on m'a donné une bouteille de Sauternes extraordinaire !
- C'est dingue tu sais que tu as de intonations à la Petitrenaud quand tu dis ça ! Il faut que je t'emmène dans un petit restaurant à côté. Sublime. A deux pas d'ici. Et pas de discours spécialisé là bas. J'ai horreur de cela ! C'est dans son jus tu m'en donneras des nouvelles. Au fait tu vas au salon de Lyon cette année ?
Mon autre voisine me fait du genou sous la table tout en continuant de téléphoner. Je ne crois pas qu'elle m'ait regardé une seule fois.
- Garçon vous me donnerez le petit frère s'il vous plait !
- Un côte ? Monsieur aime les belles choses ! Tout de suite !
Tuesday, January 18, 2011
La taverne de l'ours rouge
Boire pour oublier que tout va changer. Du premier étage de la taverne de l'ours rouge jeter par dessus l'épaule, les yeux bien fermés, une nouvelle rasade de vodka Stolychnaia. Une tache dans la neige en bas au milieu du cimetière de verres cassés.
Tanguer sur la terrasse enneigée avec des yeux rouges qui clignent à l'aurore boréale. Esquisser un pas de danse sans glisser. S'accrocher à la rambarde et sourire aux plaisanteries des apparatchicks en annonant des voeux au président.
Le président a signé tous les papiers entre deux rasades. Une claque dans le dos.
Ca fait moins mal que dans le visage. Demain matin le travail reprendra à la mine Kralag. Mais demain est un autre jour.
Tony. L'ours est rouge, et il va danser, ce soir, sur ses deux pattes.
Tanguer sur la terrasse enneigée avec des yeux rouges qui clignent à l'aurore boréale. Esquisser un pas de danse sans glisser. S'accrocher à la rambarde et sourire aux plaisanteries des apparatchicks en annonant des voeux au président.
Le président a signé tous les papiers entre deux rasades. Une claque dans le dos.
Ca fait moins mal que dans le visage. Demain matin le travail reprendra à la mine Kralag. Mais demain est un autre jour.
Tony. L'ours est rouge, et il va danser, ce soir, sur ses deux pattes.
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Tuée pierre. Conte fantastique
Thursday, November 18, 2010
Tuée pierre
Tony regardait incrédule la pierre qui, peu à peu, sous les coups précis des barres à mine, prenait figure. Sous la lueur des lampes à acétylène celle ci semblait plus vivante que jamais et comme disposée à sourire. Malgré la sueur qui perlait sur ses mains dans la chaleur moite des profondeurs il caressa une veine du minéral qui palpitait.
Tony sourit et il se dit que Franz pourrait bien avoir raison.
La veuve noire Zulfia et ses dollars, le juge et ses procureurs, les pots de vin, la route défoncée et glacée qui menait à la mine Kralag, l'attente fiévreuse, plus rien de cela n'avait d'importance.
Seule la pierre comptait désormais et la vie qui pourrait renaître avec elle.
Tony sourit et il se dit que Franz pourrait bien avoir raison.
La veuve noire Zulfia et ses dollars, le juge et ses procureurs, les pots de vin, la route défoncée et glacée qui menait à la mine Kralag, l'attente fiévreuse, plus rien de cela n'avait d'importance.
Seule la pierre comptait désormais et la vie qui pourrait renaître avec elle.
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Wednesday, September 15, 2010
Tony
Quand Tony apprit la nouvelle, il vacilla sur sa chaise.
Il comprit immédiatement que sa vie allait changer.
Totalement. Irrémédiablement.
Machinalement il ouvrit la cage et libéra Mizzi, le passerin qui jusqu'ici lui avait tenu lieu d'ami.
Il comprit immédiatement que sa vie allait changer.
Totalement. Irrémédiablement.
Machinalement il ouvrit la cage et libéra Mizzi, le passerin qui jusqu'ici lui avait tenu lieu d'ami.
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Saturday, May 29, 2010
Chroniques Siciliennes
1 Les ballons rouges.
Neuf heures. Les rues de Palerme s'éveillent avec lenteur. Le silence est tombé comme une chape sur la ville, entre la via Roma et la via Maqueda. On est loin du vrombissement de la veille au soir des quatre vingt machines du club Harley Davidson et de ses chapitres de Hells Angels ou autres Bandidos siciliens. Une légère brume noie le ciel et enrhume les nuages. Au loin le palais des normands et la chapelle palatine, joyaux de pierre, peinent à s'extraire de l'arrière plan sombre et silencieux des montagnes.
Au matin apaisé le quartier est calme et studieux. Fenêtre sur le ciel. Sicile pays de fenêtres. La rue de droite c'est la rue des vélos. On les répare, on les bricole, on les détord, on les vend. Sous le balcon c'est la rue des ballons. A cette heure là, il n'y a aucun passage et le marchand du dessous a garé sa voiture au milieu de la rue. C'est un grand break gris. Patiemment il entasse les ballons en plastique colorés dans des sacs. Aller-retours avec la boutique. Il entasse les sacs dans la voiture. Un café à la fenêtre sur le ciel. Les domes rafistolés aux céramiques de couleurs se répondent en clochetant quelques notes sourdes qui font vibrer l'air.
L'homme se gratte la tête car il ne sait plus comment faire entrer plus de ballons . Il a ficelé, avec une lanière jaune, d'une façon qui semble bien aléatoire, trois sacs sur le toit. Il ouvre à nouveau la porte et tente d'y forcer un nouveau sac. Il pousse et il force car il faut tout livrer aujourd'hui.
Un motard vétu et casqué de noir vient de rentrer dans la rue. Il voudrait passer et attend. Son moteur d'acier aux reflets métalliques tourne au ralenti. Le marchand continue son manège. Il force encore. Les ballons vont ils éclater ? Le motard klaxonne. Il voudrait passer. Il faut forcer pour que tout rentre. Et il y a a encore d'autres sacs. Klaxon et gestes de la main. Je dois passer. Le marchand abandonne ses ballons pour lui faire signe qu'il y a beaucoup de place sur les trottoirs. Ils sont dégagés et il peut passer par là. Sans oter son casque le motard lui signifie d'un mouvement bref que c'est dans la rue qu'il veut passer. Il ne passera pas par les trottoirs. D'un gest làs le marchand lui fait signe qu'il n'a qu'à se débrouiller et reprend son labeur. Il pousse avec les deux bras pour dégager de la place.
Le motard s'avance d'un métre, en s'aidant des pieds, et s'approche du marchand sans descendre de sa machine. Il sort un couteau. Coup de poignard. Eclair du métal. L'homme tombe au sol. Le sac de ballons rouges a éclaté et se répand sur le bitume. Le motard a reculé sa moto pour bien se repositionner derrière la voiture en prenant bien garde à ne pas écraser de ballons. Il attend les carabinieri qui vont enfin bientot dégager la rue.
2 Symphonie sur le port.
C'est la fin d'après midi sous un soleil qui brule et cogne rudement sur le béton du môle jusqu'à en faire éclater les joints. Les grands bateaux qui traversent pour le continent sont amarrés sur le quai et leurs diesels s'échauffent doucement dans un ronronnement qui berce les vagues. Leurs grandes coques blanches fraichement repeintes brillent sous l'éclat du soleil. Par moment une vitre qui s'ouvre réfléchit un rayon violent comme le pinceau d'un phare qui éblouit la jetée.
Les mouettes se laissent porter dans l'air profitant de courants ascendants invisibles à l'oeil. Cris rauques qui mettent en joie.
De l'autre côté du port le bateau des douanes s'engage en marche arrière. Il marche vite. Son pont est couvert de touristes avec leurs appareils photos en bandoulière. Une visite officieuse de la baie qui va rapporter de l'argent de poche aux douaniers. Le capitaine s'achèterait bien une Alfa Roméo.
C'est bientôt l'heure d'appareiller. Soudain du premier géant surgit le mugissement d'une sirène. Comme une impatience à être en mer. Le deuxième lui répond avec une tonalité plus profonde. Nouveau lacher de vapeur plus long du premier. Le bateau des douanes s'y met aussi. Concerto sur le port. Double croche. Trille. Deux blanches, une noire. Double croche. Les mouettes se sont tues intriguées. Elles n'ont jamais vu ça. Le douanier aux commandes, sans doute accaparé à rester dans le rythme de cette symphonie aquatique, a oublié qu'il était en marche arrière. Les masses blanches se rapprochent dangereusement. Un cri. Il freine brutalement. Trop. Une femme est tombée à la mer.La sirène se fait plus lugubre. On jette une bouée. Les touristes se bousculent pour prendre des photos depuis le pont.
Dans le silence enfin revenu, sans un mot, les étraves blanches s'extirpent du quai et fendent la mer vers le continent en laissant, derrière elles, une grande trainée de mousse blanche. Sur le pont tous les téléphones sont brandis vers la bouée pour prendre encore d'autres photos. Cela fera une belle histoire à raconter ce soir. Les douaniers s'affairent avec des gaffes. Il va falloir rentrer au port. l'Alfa Roméo attendra encore un peu.
3 Les messages de Gangi.
La longue traversée, sur l'autoroute qui domine sur des dizaines de kilomètres, portée par des milliers de piliers et d'aqueducs, les collines et les plaines en contrebas, s'achève. Le travail tétu et herculéen nécessaire à la construction de ces ouvrages donne la mesure de l'étendue des terres des anciennes latifundias du temps où régnait la main de fer des seigneurs sur le col des journaliers et du pouvoir plus actuel des forces occultes qui plongent les mains dans les caisses des chantiers publics. Enfin, la route tournoie, en boucles serrées, qui s'enroulent sur elles mêmes. Il faut s'arrêter pour jouir de la vue sur la ville de Gangi qui dévore la colline.
Là haut, à côté des ruines du chateau qui dominent la ville, se trouve la plus coquette des auberges. Une petite cour sur la rue avec des chaises, quelques tables, un parasol. Des fleurs dans de petits bacs aux fenêtres. De l'eau qui coule de la bouche d'une petite fontaine en poterie émaillée. Une vue qui s'élance vers la plaine. Un terrain vague attenant vient, malheureusement, dénaturer la beauté silencieuse de l'endroit. On y trouve, pêle mêle, une carcasse de voiture brulée, quelques chaises cassées, un trou qui ressemble à une tranchée et quelques poubelles.
Le propriétaire s'approche avec les verres demandés qui tintent sur son plateau.
- Merci l'ami. C'est très beau chez vous ! Quelle vue ! Dommage que ce ce terrain à coté...
- A coté ... ? Oui je sais...c'est ma voiture mais je ne peux pas y toucher.
- Vous ne pouvez pas y toucher ?
- Comprenez...ils l'ont brulé... et le trou c'est aussi un message pour moi... Vous comprenez je refuse de payer le pizzo...
Il se fait tard et il est l'heure de repartir. Un dernier regard sur la ville silencieuse et figée avant de reprendre la voiture. Le rétroviseur droit a disparu. Un autre message ?
Wednesday, May 05, 2010
Des lyres à quatre mains ? Oui si tu le veux... Part 3
Avec Cécile Delalandre
http://aglavaine.blogspot.fr/
Miras Miro! Tourmentée par le soleil, la femme flamenco brûle des poèmes qui glissent comme une lave sur sa peau rouge. Le ciel est haut! Les flammèches rougeoient les mots qui s'échappent démoniaques en léchant les volants de sa jupe de moire et puis gonflés de vent, comme des flocons noirs, viennent mourir en piquant le bras hâlé d’un vieux Monsieur qui dit : "Je veux un verre! "
Vertige ! Une page demi carbonisée flotte jusqu'au verre et s'y noie. L'homme trempe ses lèvres dans la sangria et dépité y pêche ce qui reste de poésie. Les restes lie de vin lui dévoilent alors ce vers de Néruda: «Je veux faire avec toi ce que le printemps fait avec les cerisiers», et son dépit défaille et se mue en brasier : la femme Flamenco sourit à son été. Vert tige ! Le vieil homme chenu tremble il voudrait pouvoir au moins une fois encore embrasser la sève rose et caresser la fleur blanche du péché mais la page a brulé sa peau parcheminée marquant d'un fer rouge tout ce qu'il a été. Calciné.
http://aglavaine.blogspot.fr/
Miras Miro! Tourmentée par le soleil, la femme flamenco brûle des poèmes qui glissent comme une lave sur sa peau rouge. Le ciel est haut! Les flammèches rougeoient les mots qui s'échappent démoniaques en léchant les volants de sa jupe de moire et puis gonflés de vent, comme des flocons noirs, viennent mourir en piquant le bras hâlé d’un vieux Monsieur qui dit : "Je veux un verre! "
Vertige ! Une page demi carbonisée flotte jusqu'au verre et s'y noie. L'homme trempe ses lèvres dans la sangria et dépité y pêche ce qui reste de poésie. Les restes lie de vin lui dévoilent alors ce vers de Néruda: «Je veux faire avec toi ce que le printemps fait avec les cerisiers», et son dépit défaille et se mue en brasier : la femme Flamenco sourit à son été. Vert tige ! Le vieil homme chenu tremble il voudrait pouvoir au moins une fois encore embrasser la sève rose et caresser la fleur blanche du péché mais la page a brulé sa peau parcheminée marquant d'un fer rouge tout ce qu'il a été. Calciné.
Saturday, April 24, 2010
Friday, March 05, 2010
Tibi Dabo Lola Barcelona
Au petit matin je me suis réveillé collé contre son flanc avec mon bras sur le drap qui couvrait son dos. J'avais la gueule de bois et la bouche pateuse. Je guettais sans vraiment y croire un "tibidabo" comme ceux qu'elle m'avait sussuré dans le cou la veille au soir touchant. Mais elle ne disait rien, son corps était glacé et l'odeur entétante me prenait à la gorge.
Saloperie ! Aucune idée de l'heure qu'il peut bien être ni même à qui appartient ce lit ! De toute façon je suis encore trop dans le cirage pour ouvrir les yeux.
Lola ! Lola ! Toute la soirée avec elle au coeur du barrio alto. Sur les ramblas, elle m'a fait le coup du cou pour que je lui offre une liqueur de cerise. Pulpeuse et sirupeuse goulée,on a même mangé les noyaux. Sa robe rouge froissée se déhanchait et ses genoux gainés de noir me dansaient la noce des cinq continents. De tango en tango nous avons battu, fébriles, pas à pas la cadence murs après murs, porches après porches. Lambeaux de gris qui s'effritaient sous nos corps qui s'y accrochaient. Sous l'affiche rouge qui annonce les corridas de la plaza de toros j'ai mangé son premier baiser. Sous chaque affiche blanche encadrée de noir qui affichait un décès j'ai eu droit à une nouvelle liberté. La mort de Simona Gonzales Perez m'a valu une sacrée contre plongée. J'ai sérieusement progressé en espagnol. L'un après l'autre je lui ai fait défiler tous les bars à matafs de ma collection d'étudiant exilé. Bouches à bouches à la sangria. Y a des mains qui frolent les fesses. Carrer d'Avignon, ou peut être à Escudilleres on s'est gavé de tapas elle et moi. On a extirpé en riant de leurs bocals les petits poulpes qui tremblaient dans nos mains et on s'est gavé de tortilla à la cervaise. On a fait tourner sur nos têtes la gigue des jambons. Elle levait ses bras haut pour les faire danser pendant que je louchais sur ses tétons. Et la sangria gonflait nos langues. Elle avait de petites gouttes rouges qui perlaient au coin des lèvres. J'ai bu tout ce que j'ai pu je crois.
Elle me mordait l'oreille et me disait en son creux "tibidabo, amor,tibidabo". En fait je crois qu'elle voulait me dire "tibi dabo". Mais pourtant je doute qu'elle parlait latin. Ou alors elle voulait peut être que nous montions là haut au faîte de la ville pour chevaucher les montagnes russes. Je ne sais plus. Je crois que j'ai rebu beaucoup. Je me suis essayé à réciter du Cervantès. Une histoire de géants qui moulinent le temps. Là j'étais vraiment cuit.
Lola, je crois que tu m'as pris dans la poche mon pognon pour arroser de pesetas tes copines au lampion rouge. Je ne sais plus. Tu as fais ton métier j'imagine, la main gracile et leste sans faire tinter les sonnettes. Je m'en foutais tu sais, seule comptait ta main Lola. Et tes yeux noirs comme des olives. Et tes jambes fuseaux.
Et tes cils au tempo chino.
Fais moi encore danser Lola ! Ce matin ce ne sera pas facile avec cette barre aux tempes...mais si tu le veux Lola ! Tu sais je vais vomir et puis je serai beau comme avant. Lola ?
Sous le drap il n'y avait pas de Lola mais un jambon de dix kilos. J'ai souri mais je n'ai pas eu la force d'en manger. Et puis j'ai vomi.
Saloperie ! Aucune idée de l'heure qu'il peut bien être ni même à qui appartient ce lit ! De toute façon je suis encore trop dans le cirage pour ouvrir les yeux.
Lola ! Lola ! Toute la soirée avec elle au coeur du barrio alto. Sur les ramblas, elle m'a fait le coup du cou pour que je lui offre une liqueur de cerise. Pulpeuse et sirupeuse goulée,on a même mangé les noyaux. Sa robe rouge froissée se déhanchait et ses genoux gainés de noir me dansaient la noce des cinq continents. De tango en tango nous avons battu, fébriles, pas à pas la cadence murs après murs, porches après porches. Lambeaux de gris qui s'effritaient sous nos corps qui s'y accrochaient. Sous l'affiche rouge qui annonce les corridas de la plaza de toros j'ai mangé son premier baiser. Sous chaque affiche blanche encadrée de noir qui affichait un décès j'ai eu droit à une nouvelle liberté. La mort de Simona Gonzales Perez m'a valu une sacrée contre plongée. J'ai sérieusement progressé en espagnol. L'un après l'autre je lui ai fait défiler tous les bars à matafs de ma collection d'étudiant exilé. Bouches à bouches à la sangria. Y a des mains qui frolent les fesses. Carrer d'Avignon, ou peut être à Escudilleres on s'est gavé de tapas elle et moi. On a extirpé en riant de leurs bocals les petits poulpes qui tremblaient dans nos mains et on s'est gavé de tortilla à la cervaise. On a fait tourner sur nos têtes la gigue des jambons. Elle levait ses bras haut pour les faire danser pendant que je louchais sur ses tétons. Et la sangria gonflait nos langues. Elle avait de petites gouttes rouges qui perlaient au coin des lèvres. J'ai bu tout ce que j'ai pu je crois.
Elle me mordait l'oreille et me disait en son creux "tibidabo, amor,tibidabo". En fait je crois qu'elle voulait me dire "tibi dabo". Mais pourtant je doute qu'elle parlait latin. Ou alors elle voulait peut être que nous montions là haut au faîte de la ville pour chevaucher les montagnes russes. Je ne sais plus. Je crois que j'ai rebu beaucoup. Je me suis essayé à réciter du Cervantès. Une histoire de géants qui moulinent le temps. Là j'étais vraiment cuit.
Lola, je crois que tu m'as pris dans la poche mon pognon pour arroser de pesetas tes copines au lampion rouge. Je ne sais plus. Tu as fais ton métier j'imagine, la main gracile et leste sans faire tinter les sonnettes. Je m'en foutais tu sais, seule comptait ta main Lola. Et tes yeux noirs comme des olives. Et tes jambes fuseaux.
Et tes cils au tempo chino.
Fais moi encore danser Lola ! Ce matin ce ne sera pas facile avec cette barre aux tempes...mais si tu le veux Lola ! Tu sais je vais vomir et puis je serai beau comme avant. Lola ?
Sous le drap il n'y avait pas de Lola mais un jambon de dix kilos. J'ai souri mais je n'ai pas eu la force d'en manger. Et puis j'ai vomi.
Wednesday, February 10, 2010
Vaiku Mood
Par maître Piotrevski
Pernambouc zouk moi ton souk
Tzigane moi ta ballade
Vibrato mes boyaux
Colophane moi diaphane
Ton velours sans retour
Tuesday, November 24, 2009
Silences
Il est des silences plus assourdissants
Que le vagissement de mille olifants.
Il est des silences lobés au coeur intérieur
Qui lancent leur sourdine en fa sol mineur.
Il est des silences hors jeux de patience
Qui pendent court au gibet l'absence.
Il est des silences qui avivent le nerf.
Il est des silences à langue de vipère.
Il est des silences.
Qui lancent.
Il est.
Que le vagissement de mille olifants.
Il est des silences lobés au coeur intérieur
Qui lancent leur sourdine en fa sol mineur.
Il est des silences hors jeux de patience
Qui pendent court au gibet l'absence.
Il est des silences qui avivent le nerf.
Il est des silences à langue de vipère.
Il est des silences.
Qui lancent.
Il est.
Tuesday, October 20, 2009
En vie.
Envie : Nom donné à de petites portions de peaux qui se délitent autour des ongles causant de vives et fugaces douleurs quand on les arrache. Et aussi, nom donné à des tâches que les enfants apportent parfois à la naissance, supposés reproduire des formes dont la mère aurait rêvé pendant sa grossesse.
Juste envie de dire merci, car je ne le fais pas assez, à celles et ceux qui passent ici anonymes ou porteurs de messages de clins d'oeil et de sourires. Alors merci. Juste envie. En vie.
Juste envie de dire merci, car je ne le fais pas assez, à celles et ceux qui passent ici anonymes ou porteurs de messages de clins d'oeil et de sourires. Alors merci. Juste envie. En vie.
Monday, September 07, 2009
Bruno l'alcoolique.
Bruno a soif. Très soif. Et lorsqu'il manque de bière Bruno peut vite devenir très vindicatif.
Au loin, par delà la terrasse, je fixe la mer curieusement apaisée à l'anse de cette vallée perdue. Quelques macareux virevoltent dans leur livrée de clown au bec rouge, offrant au soleil les petits éclats d'argent des poissons qu'ils rentrent porter à leur nichée, sur la falaise de Latrabjarg. La plupart sont partis la semaine dernière pour la grande migration. Ne restent que quelques étourdis ou quelques éclopés.
Ici le sable est blanc, à l'inverse de celui des autres plages déversoirs de coulées noires basaltiques des volcans lunaires qui viennent vomir aux pieds des fjords. Sur la droite, à la lisière des herbus qui envahissent la plage, gît, tel un écrin abandonné, le petit cimetière où dorment le fils et la fille de Magnus. Péris en mer un soir d'hiver. Isolé par un fossé, un talus et un muret, l'îlot de pierre se protège pour que les gisants ne périssent pas deux fois sous la claque glacée des vagues.
Le silence est impressionant. On n'entend rien d'autre que Bruno et les trois chiens de bergers qui hurlent, attachés à leurs pieux en fixant au loin les moutons qui broutent sur la pente abrupte des falaises.
Il faut dire qu'on est au bout du monde içi. Le point le plus à l'Ouest de l'Europe m'a redit le petit berger qui joue avec Somi, le plus gros des trois molosses, en caressant à la naissance du cou sa toison noire et blanche. Tellement isolés que l'hotel servait autrefois de lieu de rétention pour les enfants récalcitrants.
Sur la petite chapelle au toit herbu, jouent deux guillemots avec leurs masques noirs.
La mère de Magnus est hilare. Si Bruno m'en veut personnellement c'est à cause d'elle. Elle vient de me coller une canette de bière à demie pleine dans la main. De la Viking Sterkur légère et blonde, faiblement alcoolisée. La préférée de Bruno.
Bruno m'envoie des coups de pattes et des coups de tête. Il veut sa bière. Biberon ou canette peu importe pourvu qu'il ait l'ivresse. Si sa mère ne l'avait pas abandonné à la naissance pour courir brouter l'herbe des falaises avec tous ses cousins noirs et blancs, Bruno ne serait pas un alcoolique.
Au loin, par delà la terrasse, je fixe la mer curieusement apaisée à l'anse de cette vallée perdue. Quelques macareux virevoltent dans leur livrée de clown au bec rouge, offrant au soleil les petits éclats d'argent des poissons qu'ils rentrent porter à leur nichée, sur la falaise de Latrabjarg. La plupart sont partis la semaine dernière pour la grande migration. Ne restent que quelques étourdis ou quelques éclopés.
Ici le sable est blanc, à l'inverse de celui des autres plages déversoirs de coulées noires basaltiques des volcans lunaires qui viennent vomir aux pieds des fjords. Sur la droite, à la lisière des herbus qui envahissent la plage, gît, tel un écrin abandonné, le petit cimetière où dorment le fils et la fille de Magnus. Péris en mer un soir d'hiver. Isolé par un fossé, un talus et un muret, l'îlot de pierre se protège pour que les gisants ne périssent pas deux fois sous la claque glacée des vagues.
Le silence est impressionant. On n'entend rien d'autre que Bruno et les trois chiens de bergers qui hurlent, attachés à leurs pieux en fixant au loin les moutons qui broutent sur la pente abrupte des falaises.
Il faut dire qu'on est au bout du monde içi. Le point le plus à l'Ouest de l'Europe m'a redit le petit berger qui joue avec Somi, le plus gros des trois molosses, en caressant à la naissance du cou sa toison noire et blanche. Tellement isolés que l'hotel servait autrefois de lieu de rétention pour les enfants récalcitrants.
Sur la petite chapelle au toit herbu, jouent deux guillemots avec leurs masques noirs.
La mère de Magnus est hilare. Si Bruno m'en veut personnellement c'est à cause d'elle. Elle vient de me coller une canette de bière à demie pleine dans la main. De la Viking Sterkur légère et blonde, faiblement alcoolisée. La préférée de Bruno.
Bruno m'envoie des coups de pattes et des coups de tête. Il veut sa bière. Biberon ou canette peu importe pourvu qu'il ait l'ivresse. Si sa mère ne l'avait pas abandonné à la naissance pour courir brouter l'herbe des falaises avec tous ses cousins noirs et blancs, Bruno ne serait pas un alcoolique.
Tuesday, July 21, 2009
Fontaine Médicis.
Dans ta robe chocolat, un sourire appât.
Sur ta peau bronzée, vert et bleu mélés.
Sous les tissus froissés, nos pouls apaisés.
Tu crayonnes notre histoire en souriant.
Sur les flancs de l'instant présent.
J'y mets du noir, tu y mets du blanc.
Nos mains peignent le bref moment.
Oser et sourire pour ne pas pleurer.
Juste un souvenir pour mieux avancer.
Sur ta peau bronzée, vert et bleu mélés.
Sous les tissus froissés, nos pouls apaisés.
Tu crayonnes notre histoire en souriant.
Sur les flancs de l'instant présent.
J'y mets du noir, tu y mets du blanc.
Nos mains peignent le bref moment.
Oser et sourire pour ne pas pleurer.
Juste un souvenir pour mieux avancer.
Thursday, May 07, 2009
Ossavango. नुइत सोलेइल डी' ओस्सवंगो
Nuit soleil d'Ossavango
Soleil à rebrousse poil.
Immensité constellée d'étoiles.
Tissu tacheté de fauve.
Une nuée filante et mauve.
Attroupés au point d'eau.
Ventrus et lourds animaux.
Apaisés au soir silencieux.
Immobiles sous le dais des cieux.
Suc poisseux qui perle lentement.
Enivré du fruit rouge dehiscent.
Tombé comme une goutte de rosée.
Escarboucle au grenat apaisé.
Jalon de carte sur ma route.
A la renverse de ma voute.
Ubiquité trouble de l'instant.
Ressac d'un bruissement du vent.
Affaissant d'une nuée les joncs.
Ivresse de la crinière lion.
Prestement j'ouvre la paume de ma main.
Une espérance de la tienne au lendemain.
Et la risée y jette un brin de canopée.
Triste et fugace présent de l'alizé.
Rêves sous le toit vermeil.
Eclats de nuit soleil.
Soleil à rebrousse poil.
Immensité constellée d'étoiles.
Tissu tacheté de fauve.
Une nuée filante et mauve.
Attroupés au point d'eau.
Ventrus et lourds animaux.
Apaisés au soir silencieux.
Immobiles sous le dais des cieux.
Suc poisseux qui perle lentement.
Enivré du fruit rouge dehiscent.
Tombé comme une goutte de rosée.
Escarboucle au grenat apaisé.
Jalon de carte sur ma route.
A la renverse de ma voute.
Ubiquité trouble de l'instant.
Ressac d'un bruissement du vent.
Affaissant d'une nuée les joncs.
Ivresse de la crinière lion.
Prestement j'ouvre la paume de ma main.
Une espérance de la tienne au lendemain.
Et la risée y jette un brin de canopée.
Triste et fugace présent de l'alizé.
Rêves sous le toit vermeil.
Eclats de nuit soleil.
Tuesday, April 07, 2009
Trois cents nous sommes.
- Trois cents nous sommes. Allez encore un effort. Un vase Ming messieurs dames. Quelque fêles. C'est pour rien. Personne d'autre ? Adjugé au troisième rang , la dame avec la fourrure. Vous devez avoir chaud madame. C'est du vison ? Vous avez bon goût comme toujours.
Allez le lot suivant monsieur l'expert. Nous avons déjà beaucoup de retard. Un vase dix huitième avec plusieurs fêles. Vendu en l'état. Et au téléphone Marie ? Ah j'avais bien dit qu'on prendrait du retard avec ces téléphones... On commence à deux cents. Personne à deux cents ? Cinquante ? Soixante, soixante dix, cent, cent cinquante, deux cents. Voilà preneur à deux cents ! Je dis toujours qu'il faut commencer bas. Et par un anglais en plus. Ah au moins en Angleterre on a encore de l'argent... Deux cents, deux cent cinquante. Trois cents nous sommes. Vendu en l'état. Marie vous avez bien précisé au téléphone que c'était vendu en l'état ?
Adjugé tois cents donc ! On va tout mettre à trois cents euros, ce sera plus rapide.
Monsieur le maire ! Merci de nous honorer de votre présence. Il ya encore une chaise ou deux au premier rang. Et pour vous aussi Maître.. Ah, plus nous avons d'objets dézingués et plus les gens adorent... C'est fou comme on adore le dézingué de nos jours, et ce n'est pas madame au premier rang qui va me contredire! Vous verrez madame, je suis sûr que cette applique sera à l'honneur dans votre appartement parisien. Il y a encore une chaise au premier rang monsieur. C'est fou j'ai beau avoir la plus grande salle entre Paris et Deauville, on est toujours à l'étroit ici. Et puis il fait chaud vous ne trouvez pas ? Tout ceci me donne furieusement soif.
Allez nous avons encore toute une série de lots de pendules de cheminées et de cartels du dix huitième. Tous en provenance d'un des plus beaux hotels particuliers de Paris. Je vous laisse prendre le relais Maitre ? Aux bons soins de monsieur l'expert bien sûr. Et tachez de ne pas rester à trois cents euros... Vous n'en verrez pas de pareils avant longtemps messieurs dames. Je suis allé les chercher en personne.
Marie pouvez vous me suivre s'il vous plait ?
- Maître ! Maître, à vue de nez, vingt cinq centimètres nous sommes !
Allez le lot suivant monsieur l'expert. Nous avons déjà beaucoup de retard. Un vase dix huitième avec plusieurs fêles. Vendu en l'état. Et au téléphone Marie ? Ah j'avais bien dit qu'on prendrait du retard avec ces téléphones... On commence à deux cents. Personne à deux cents ? Cinquante ? Soixante, soixante dix, cent, cent cinquante, deux cents. Voilà preneur à deux cents ! Je dis toujours qu'il faut commencer bas. Et par un anglais en plus. Ah au moins en Angleterre on a encore de l'argent... Deux cents, deux cent cinquante. Trois cents nous sommes. Vendu en l'état. Marie vous avez bien précisé au téléphone que c'était vendu en l'état ?
Adjugé tois cents donc ! On va tout mettre à trois cents euros, ce sera plus rapide.
Monsieur le maire ! Merci de nous honorer de votre présence. Il ya encore une chaise ou deux au premier rang. Et pour vous aussi Maître.. Ah, plus nous avons d'objets dézingués et plus les gens adorent... C'est fou comme on adore le dézingué de nos jours, et ce n'est pas madame au premier rang qui va me contredire! Vous verrez madame, je suis sûr que cette applique sera à l'honneur dans votre appartement parisien. Il y a encore une chaise au premier rang monsieur. C'est fou j'ai beau avoir la plus grande salle entre Paris et Deauville, on est toujours à l'étroit ici. Et puis il fait chaud vous ne trouvez pas ? Tout ceci me donne furieusement soif.
Allez nous avons encore toute une série de lots de pendules de cheminées et de cartels du dix huitième. Tous en provenance d'un des plus beaux hotels particuliers de Paris. Je vous laisse prendre le relais Maitre ? Aux bons soins de monsieur l'expert bien sûr. Et tachez de ne pas rester à trois cents euros... Vous n'en verrez pas de pareils avant longtemps messieurs dames. Je suis allé les chercher en personne.
Marie pouvez vous me suivre s'il vous plait ?
- Maître ! Maître, à vue de nez, vingt cinq centimètres nous sommes !
Thursday, March 05, 2009
Monday, February 16, 2009
Aux portes du palais.
Une réponse pour jouer avec le beau texte de Marco sur le blog des Editions Leo Scheer. ( cf blog : http://marc-sefaris.sosblog.fr et son premier livre :
http://avis.fnac.com/5912-fr_fr/2521164/reviews.htm?PRID=2521164 )
On raconte encore que le jour de l'anniversaire du Pacha, Emir se présenta à la porte du palais. Il portait sur son dos un sac qui semblait bien rempli et bien lourd pour un petit paysan, le simple fils d'un meunier d'Azakan. Sans s'arrêter devant la foule des marchands et des mendiants il marcha directement, d'un pas vif et intrépide, vers la porte massive qui fermait l'enceinte de briques rouges. On le vit disparaitre, tel un fantôme, sous le porche aux armes de l'empereur et refermer derrière lui la lourde porte d'acier. On raconta plus tard qu'à cet instant un silence pesant s'était abattu sur la ville. A l'heure dite, le muezzin ne chanta pas, comme averti par un signe du ciel et un lourd pressentiment.
Deux jours passèrent sans que nul n'osa pousser la porte. Aucun son ne sortait du palais. Au froid du soir, sous les risées de sable du désert, chacun guetta, comme chaque soir, la suave musique du harem. En vain.
Le troisième jour, conformément aux écritures du livre des Sables, la porte s'entrouvrit. Sous le baldaquin d'or aux armes de la Sainte Porte, Emir sortit entouré des eunuques de la garde impériale. Il tenait dans sa main gauche le plus grand cobra qu'il ait jamais été donné de voir dans cette partie des terres conquises, dans sa main droite trônait un grand livre relié en cuir de Cordoue et couvert de pierres précieuses.
Secoué sur sa chaise à porteur, comme sur le dos du majestueux chameau d'Abalin, Emir, l'inculte paysan d'Azakan, commençait l'écriture du roman de sa vie, tout en caressant rêveusement le cou du grand cobra.
Une immense clameur de stupéfaction embrasa la ville aux mille tourelles. On se précipita dans le palais. Gardiens, marchands, courtisans, tous gisaient aux sols avec une large marque bleutée gonflant démésurément la veine de leur cou. Dans la cour on devinait sous l'amas des corps le sac ouvert du petit paysan. Cinquante cobras géants se dressaient de toute leur taille devant la foule interdite. L'éclat de leurs prunelles jaunes figea le sang des plus courageux.
Le soir meme le conseil des cents patriarches se réunit. On décida qu'Emir le Cobra ferait un très bon empereur. Cinq ambassadeurs furent choisis pour lui porter de l'encens et les plus belles enluminures de l'Empire.
Emir ne leva pas la tete pour les recevoir. Une plume d'oie des sables en main, il était déjà en train d'écrire une nouvelle page de sa vie.
Saturday, January 24, 2009
Ecoute comme il gronde, Ilias...
- Ecoute comme il gronde, Ilias... Il y a long temps, la pythie l'avait dit à nos ancêtres, là bas, en Grèce. Du fond de son antre, dans l'adyton du temple, en mâchant le laurier vert fraichement cueilli, elle savait déjà la force rougeoyante qui perlait au bord des lèvres de la terre sur nos têtes. Et souviens toi aussi des craquements de la terre..
Le basalte s'envole en bombes assourdissantes, les cendres noircissent déjà l'air, projetées par le champignon de fumée en salves brulantes. Force tellurique du fond des âges, la lave rouge et jaune perle par les veines du Vésuve et recouvre déjà de ses vagues les pieds du forum et du temple d'Apollon.
- Ecoute comme il gronde, Ilias...Les dieux nous ont abandonnés. Attelons le char pour rejoindre la mer bienveillante.
- Lucia, petite soeur, nos aieux sont ici qui veillent sur nous et sur Herculanum.Faisons confiance aux Dieux. Puisons plutôt dans la dolia ce vin doux de Naples que tu aimes tant.
Sophie, du haut de ses huit ans, se hisse pour observer le moulage des deux corps emprisonnés dans leur gangue volcanique, qui se donnent encore la main dans la vitrine faiblement éclairée. Dans le silence religieux de la salle du British Museum, il lui semble que l'un des corps porte son autre main à sa bouche. Pour un baiser ?
Elle regarde pensive le gardien endormi sur sa chaise. Plus tard, se dit elle, je serai "arcéolog".
Le basalte s'envole en bombes assourdissantes, les cendres noircissent déjà l'air, projetées par le champignon de fumée en salves brulantes. Force tellurique du fond des âges, la lave rouge et jaune perle par les veines du Vésuve et recouvre déjà de ses vagues les pieds du forum et du temple d'Apollon.
- Ecoute comme il gronde, Ilias...Les dieux nous ont abandonnés. Attelons le char pour rejoindre la mer bienveillante.
- Lucia, petite soeur, nos aieux sont ici qui veillent sur nous et sur Herculanum.Faisons confiance aux Dieux. Puisons plutôt dans la dolia ce vin doux de Naples que tu aimes tant.
Sophie, du haut de ses huit ans, se hisse pour observer le moulage des deux corps emprisonnés dans leur gangue volcanique, qui se donnent encore la main dans la vitrine faiblement éclairée. Dans le silence religieux de la salle du British Museum, il lui semble que l'un des corps porte son autre main à sa bouche. Pour un baiser ?
Elle regarde pensive le gardien endormi sur sa chaise. Plus tard, se dit elle, je serai "arcéolog".
Thursday, January 08, 2009
A l'amer de toutes les batailles.
- Allo Zeev ? Ou devrais je dire monsieur le ministre ?
- Oui lui même.
- Je suis Moshe Restak. Nous étions ensemble au Technion à Haifa.
- Moshe ! Oui bien sûr. Que puis je pour toi ?
- Voilà je suis de passage à Jérusalem. Je suis à l'hotel King David pour deux semaines. J'arrive de New York. J'ai réuni des fonds pour la nouvelle colonie que tu projettes à Beitar Ivit. Cela n'a pas été facile avec la mise sous bracelet électronique de notre ancien ami par le Fbi...
- Oui il nous a fait beaucoup de tort.
- J'ai pensé qu'avec les actions sur Gaza, ce serait le bon moment pour lancer la construction discrètement. Les entreprises de génie civil sont prêtes.J'ai cru comprendre que le Centre de Planification Urbaine était déjà au courant.
- Excellent Moshe. J'ai fait déjà fait voler les anes, empoisonner les puits et raser les oliviers. Mais il faudra commencer les terrassements de nuit. La discrétion s'impose.
- Mazel tov, Zeev.
- Oui lui même.
- Je suis Moshe Restak. Nous étions ensemble au Technion à Haifa.
- Moshe ! Oui bien sûr. Que puis je pour toi ?
- Voilà je suis de passage à Jérusalem. Je suis à l'hotel King David pour deux semaines. J'arrive de New York. J'ai réuni des fonds pour la nouvelle colonie que tu projettes à Beitar Ivit. Cela n'a pas été facile avec la mise sous bracelet électronique de notre ancien ami par le Fbi...
- Oui il nous a fait beaucoup de tort.
- J'ai pensé qu'avec les actions sur Gaza, ce serait le bon moment pour lancer la construction discrètement. Les entreprises de génie civil sont prêtes.J'ai cru comprendre que le Centre de Planification Urbaine était déjà au courant.
- Excellent Moshe. J'ai fait déjà fait voler les anes, empoisonner les puits et raser les oliviers. Mais il faudra commencer les terrassements de nuit. La discrétion s'impose.
- Mazel tov, Zeev.
Wednesday, December 24, 2008
Happy New Year. 2009
Que 2009 soit une année qui bouge
pour nous, pour vous
pour toi, pour moi
pour eux
voeux
Saturday, December 13, 2008
Cocktail sur Canapé
Friday, December 05, 2008
Soon Christmas will be here.
As i am being asked repeatedely for translation of some texts, please find my best pass on this one, please pardon my...french :)
She looks through the windows at the joggers running around the Central Park reservoir. No sound reaches the eighth floor. Lying on the sofa she distractedly chews the brown strip bar she just bought furtively in front of Saks Fifth Avenue.
A bitter taste that rises to the head and reminds her unconsciously of an afternoon she had spent on the deck of the boat of Jim Baker on Lake Tahoe. Jim wanted to take her on a tour of the brothels of the Nevada desert. She had given him a blowjob and it had made the day. Jim is dead anyway. An accident driving his Mustang. Two years? Three can not be.
There are no more leaves on the trees at this time of the year and one can guess that snow will come without further delay. Another winter.
She will soon be fifteen years old. Esther, her mother, had promised to call to celebrate. But she had already made the same promise last year, and with her trip to the Maldives islands, she had not been able to do it. The communications are not perfect it seems in those islands.
Anyway she has bought several of the brown strips for the occasion with a few bottles of Russian vodka. In the jacuzzi on the terrace this should do the trick. She puts her shawl back on her shoulders. It's cold tonight.
She puts a Coldplay disc on, and watches her face nicely madeup in the mirror. She gently caresses her legs. They are smooth and thin. She could call Mike the concierge. She knows how much he loves to take her the doggy way on the sofa with his face turned towards Central Park. Once a week he takes her like this, in a violent way, sometimes two, when it burns too much between her legs. Well it's too cold. It is said, she will call him.
Mike never ends. He had promised, already a quarter of an hour ago, to be there in five minutes. He must still be commenting the last baseball game with Zak, his buddy from Harlem, in front of the building under the red canopy of the front hall. She is trembling of cold and hot. She looks down at the small horse carriages passing with their hord of hilarious tourists perched on them. They look so small. It is decided, if Mike is not there in ten minutes she will join them. She looks at her Rolex in a hagard way. There. Fifteen minutes already. She opens the windows, puts the shawl with great caution back on the sofa, adjusts her hair in the mirror, climbs the railing and jumps.
The phone rings. Three rings before the answering machine begins to register .
"Sweetheart it's Esther, your mother, you need to tell me me what you want for your birthday and for Christmas. This is coming so fast"
Yes it is true, it will soon be Christmas.
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