Saturday, February 04, 2012

La révolution




Jai toujours travaillé sérieusement. Mon objectif n'était pas de devenir riche, mais simplement d'obtenir une modeste aisance pour mes vieux jours, et ceux de ma tendre compagne,mais la révolution de février 1848 a anéanti tous mes espoirs et les rares affaires qui subsistaient.

Après la proclamation de la deuxième République et les journées de Juin la situation devint de plus en plus tragique. Il ne se passait pas un mois sans que la capitale ne fût témoin de troubles très graves. Les déplorables journées de Juin, qui suivirent la fermeture des ateliers nationaux, virent peuples et frères s'entretuer par la mitraille, le fer et le feu. Quelles tristes journées qui firent plus quatre mille morts et des milliers de déportés ! Dans les annales de notre histoire, depuis dix huit siècles, jamais meurtres, jamais guerres ne furent aussi atroces. Chaque rue de Paris avait sa dizaine de barricades, toutes formidables et vaillamment défendues. On a tiré au canon sur le panthéon. Monseigneur Affre a été tué sur une barricade au faubourg Saint Antoine.On a anénanti le peuple de Paris et arrété plus de vingt mille personnes. Le général Cavaignac a repris le contrôle mais à quel prix !

Dans ces tristes et malheureuses circonstances, je m'acquittais, avec zèle et empressement,en bon compatriote,de mon devoir comme Garde National mais toutes mes affaires péricilitèrent, et tous les projets que je formais avant ce grave événement furent anéantis. Je compris vite que la crise durerait longtemps. Bien que je sois très économe, je ne gagnais presque plus et dépensais plus que mon gain.

Je savais que mon métier, lié à l'univers du luxe aurait à souffrir plus longtemps que d'autres de cette crise. Les maisons d'horlogerie qui me donnaient du travail avaient habituellement des clients fortunés ainsi que de riches étrangers de passage à Paris. Il n'y avait pas à douter que cette clientèle ne serait plus aussi présente avant longtemps.

Ayant bien pesé toutes ces considérations j'eu l'idée du projet que j'exécute aujourd'hui. Je dois avouer que cette idée germait en moi, en songe, depuis plusieurs années mais les difficultés sans nombre qui seraient à surmonter m'avaient jusqu'à présent retenu. Avant la révolution mon occupation me permettait de gagner correctement ma vie et j'hésitais à courir après d'incertaines chimères.
Mais soudain, en voyant la révolution éclater en France, je sondais plus mûrement mon plan et je me résolus rapidement, en accord avec ma bien-aimée Juliette, à quitter Paris, et à chercher à me créer en Amérique une position meilleure.

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