Tuesday, October 14, 2008

Chateau de Dilliers



Il commençait à faire sombre dans la cour du chateau de Dilliers. La journée avait été longue et lascive. Ces dames avaient joué au croquet, aidé le jardinier à dégager les mauvaises herbes du yucca, et prenaient maintenant leur thé. Les feuilles provenaient directement de la plantation de l'Oncle Paul sur l'ile Maurice. On n'en faisait pas de meilleures. Les demoiselles avaient fait de la barque sur la douve, tenté de capturer des brochets dans la nasse et caressé mille fois les oreilles de Farouk, le chien du fermier, et celles du poulain dernier né.

- Mère, regardez comme Civette a crotté ma robe.
- Je vous avais dit de faire attention Anne Sophie. Encore du travail pour les bonnes...

Marie restait dans son coin. Elle était restée silencieuse toute la journée. Anne Sophie avait bien vu sa cousine s'enfermer dans la fuie pendant une heure, mais elle avait tellement de choses à faire qu'elle n'y avait pas vraiment prété attention.

Monsieur de Dilliers pérorait.

- Ce poulain je compte en faire un champion. Je vais le confier au métayer des Beaumont et dans un an il courra au prix de l'Arc de Triomphe.

- Vous avez toujours la folie des grandeurs Jean. Mais il est vrai que son pedigree parle pour lui. Je reprendrai bien un peu de votre calva. Cela faisait si longtemps que je n'avais pas eu le plaisir d'en boire. C'est autre chose que notre rhum.

Geneviève donna un coup sec sur la laisse de sa tortue. Encore une idée saugrenue de l'oncle Paul. Il en avait ramené une pour toutes les cousines. On leur avait donné à manger sur l'herbage au dessus de la pièce d'eau et on avait tenté sans succès de leur faire faire une course.

Geneviève tenta de questionner Marie.

- Tu n'as pas l'air bien gaie aujourd'hui cousine.

Marie gardait la tête baissée. Elle bredouilla.

- Laisse moi... C'est à cause de l'oncle Paul.

- L'oncle Paul ?

- Oui. Ce matin il m'a demandé de venir avec lui dans le salon rouge. Il m'a dit qu'il m'avait ramené un cadeau. Et...et puis il m'a touché sous ma robe. Et... il m'a demandé de le toucher aussi.

Soudain Marie, le visage rouge hurla :

- Farouk ! Ici Farouk.

Le beauceron se précipita vers elle, dans un mouvement silencieux. Ses yeux brillants, au milieu de son poil noir et luisant la fixaient maintenant intensément.

- Attaque ! Attaque ! lui intima t elle en désignant la tortue qui somnolait au bout de sa laisse.

Vivement Farouk se jeta sur la tortue avant qu'elle n'ait eu le temps de rentrer dans sa carapace et la massacra en grondant.

Les cousines regardaient la scène sans rien faire avec un sourire au coin des lèvres.

Madame de Dilliers accourait horrifiée.

- Mais enfin que se passe t il ? Jean ! Jean, appelez le jardinier. Paul faites quelque chose !

L'oncle Paul maugréa.

- Ces enfants sont insupportables. Heureusement le pensionnat va nous dresser tout cela.

23 comments:

Anonymous said...

Merci de ton passage par la Source.
La scène pourrait se dérouler dans ce parc, pas très loin de l'eau.
Avec un air de Comtesse pour petites filles modèles.

Anonymous said...

bon, j'ai une connexion qui se traîne en ce moment, mais j'ai lu (plus bas encore) des choses qui m'intéressent
je reviendrai...

Anonymous said...

L'histoire ne change pas, elle se répète sans qu'on ne puisse rien faire
Bonne soirée
Amitiés
Viviane

Anonymous said...

Ton récit pourrait avoir pour cadre la propriété dont je parle...les douves, le jardin, le kiosque...
quant aux leçons de vie ? il me paraît vraisemblable qu'elles aient existées dans ces lieux !

Anonymous said...

suis un peu perdue mais Tante Lucie va bien merci ;-)

Anonymous said...

Oui, vive le pensionnat ! :-)

Anonymous said...

je suis sauvée du minautore
c etait vraiment superbe

je reviens te lire tres bientot

samedi notre repas de voyageur
si tu es intéressé fais moi signe

je reviens te lire

Anonymous said...

on s'y fondrait bien, hum !!! bô texte !

Anonymous said...

Quelle scène !

Mélusine said...

Merci pour ton passage dans mon humble demeure !
Je découvre que la tienne est un petit paradis ! Les textes m'enchantent, moi, une fée !!
J'ai pris soin de noter ton chemin en y semant des petits cailloux afin de revenir assez souvent
A bientôt

Constance said...

J'aime beaucoup venir ici ! Me suis permise de mettre votre lien sur mon blog. Si pas d'accord, faites le moi savoir. Merci.
"Maca'dame" :
http:// macadame.wordpress.com/

Anonymous said...

Merci de tes passages l'ami !

catherine said...

C'est chouette, ce petit morceau de roman!

Anonymous said...

Bon dimanche
Amitiés
Viviane

Anonymous said...

Merci pour cet agréable moment de lecture...

Bon lundi.

Anonymous said...

Je reste sans voix!
Cette histoire, cette scène de vie quotidienne est très bien écrite, on y croit, et on en voit les images!
J'aime beaucoup!
A bientôt pour une autre....

Anonymous said...

Souvent on venge l'offense sur plus petit que soi
c'est ainsi depuis que le monde est monde
l'hypocrisie des adultes fait le reste

c'est un beau texte superbement écrit
merci d'avoir laissé le chemin pour vous rejoindre

Jerry OX said...

joli récit !!! ah !! on s'y croirait !! et cette Civette n'a pas son pareil pour se faire remarquer !! oh !! quelle malice !!

merci pour ce joli moment !!!

Anonymous said...

Un monde de folie.
Rêves bô.

Anonymous said...

Un joli tableau dérangé par des bas déchirés, une jolie histoire dérangée par la cruauté de la vie

Anonymous said...

merci pour tous ces instants de lecture et de plaisir

j adore...

bises et bonne semaine à toi

Anonymous said...

Pensionnat ? terre de toutes les perditions oui ! heureusement, d'ailleurs....

Anonymous said...

ça se mélange, ça fond, c'est fou, on en perd presque le fil, mais on adore ça. ,)