Saturday, February 24, 2007

Guadalupe de la Frontera


Ta terre est grise, où l’olivier seul trouve à pousser.
Ton désert ignoré s’étend sèchement, abandonné
aux grosses bêtes noires à cornes, dont on parle avec respect
et dont on décore les flancs, les soirs de fête, de banderilles colorées.
Aujourd’hui fier gardien, de la plaine, qui vous toise de haut.
Demain les pattes en l’air, mis à bas.
Fardeau sanglant tiré hors de l’arène, sous les olés, par des chevaux.

Ta terre est sèche, qui s’étend aux frontières .
Et qui faute de nourrir ses enfants, a prêté aux rois du Portugal et de l’Espagne
les fiers navigateurs qui plantèrent sous d’autres cieux les drapeaux royaux.
Ta terre est fière, qui là, au creux de ce désert pierreux
a fait jaillir ta cathédrale de cailloux et ton monastère de douceur
aux fontaines chantantes et aux fraîches cellules.

La vierge de pierre noire, t’observe sagement quêtant ta peine
toi la femme restée au village, et qui porte en secret le fardeau de l’enfant.
Son pied, tant de fois embrassé, est lisse où tu poses ton rameau juste coupé.
Elle te regarde et te comprend, la vierge de Guadalupe.

Au loin s’essouffle un vieux camion qui s’éloigne vers les villes.
Toi, dans ton silence, tu sembles sourire et tu penses à ton homme
là bas, sur ce bateau, dans le bruit des machines et l’odeur du poisson.
Tu penses à son retour, demain, ou dans un mois, ou dans un an.

La vierge te sourit.
Elle sait ta peine.

Et le soir sur la place, au pied de la fontaine
parmi les autres, au frais de la nuit, les cloches
envoient à l’autre, là bas, un message que le vent porte.

Et emporte.

1 comment:

Aude said...

Comment commenter la perfection?