Je suis seul ce soir, une fois encore, autour d'un verre de fragolino où flottent de miniscules fraises réduites dans l'alcool qui crissent sous la langue. Et je ressasse, une fois encore, le pourquoi et le comment. Séverine.
Je t'imagine en train de lire, encore et toujours, au coeur d'une histoire qui te sourie. Sourcils froncés, studieuse, attentive, ambitieuse étudiante. Tu repousses d'un geste de la main la mèche blonde qui retombe sur tes yeux verts. Tu écoutes du bel canto. Du Verdi bien sûr. Les violons dansent puis laissent la place à deux cymbales, puis à une flute solitaire. Tu fermes les yeux.
Je t'observe. Sous ton masque je cherche le visage et sous la femme je cherche l'enfant. Je te regarde si frêle, si menue et si solide et si décidée pourtant. J'ai froid.
Ton énigme tourne dans ma tête. Je t'observe à ton insu, voyageur indécent au coeur de tes rêves. Je cherche une faille inavouée, une ridule du destin. Je cherche une concession, un relachement de tes mains.
Quand tu expliques la toile pendue au mur du musée d'Orsay à une foule de touristes avides qui boivent tes paroles. Je t'observe incrédule, médusé, admiratif et jaloux de leurs regards.
Quand tu commandes des exemplaires supplémentaires de ton livre à ton éditeur d'un ton impératif et que tu me souris en même temps d'un air si désarmant, je sais plus si c'est à moi que tu souris ou à lui. Tu connais tout le monde, surtout le monde qui compte. Et tout le monde te connait et compte sur toi. Moi c'est toi que je voudrais connaitre. Bal des innocents ou nuit des longs couteaux ?
Petites bribes d'années si rapides, si furtives que je convoque au tribunal de mon souvenir.
Et puis tu te souviens de ce soir là ? Quand tu m'as dit que ce n'était pas possible. Quand tu m'as dit pourquoi. Je te disais des mots en anglais car je n'avais plus la force de les dire dans une langue que tu comprendrais. Mais bien sûr tu les comprenais quand même. Tu te souviens que je t'ai fait danser contre moi, très serrés, pour que l' intimité de nos corps se devinent enfin. Tu m'as répondu par un baiser sauvage de nos langues. Le premier. Le dernier. Et j'ai peur soudain. Peur de mon insignifiance. De mon néant. Je n'ai rien à offrir. Quelle est ma pertinence ? Et puis jaloux moi ? Comme ce serait drôle.
Je quémande ton visage et ton sourire dans le noir du soir qui vient. Je te perds. Tu restes comme une note stridente qui fait trembler puis qui s'étiole. Un Buena Notte staccato. Point d'orgue de l'opéra des hommes. Mais il n'y a pas d'applaudissements. Juste le silence.
28 comments:
tres touchant ce texte, il fallait exprimer ces sentiments
bon week end à toi
oui entierement d'accord avec esperance très emouvant
il ne te reste plus qu'à écouter cette musique si noble de sentiments qu'est le blues ...
bonne journée
Ton texte est beau et touchant.
Je te souhaite un bon week end et une bonne fête de la musique
paola
un texte ou cri ce sentiment d'amour intérieur quelquefois inavoué mais libérateur !!! amités phil
j'aime beaucoup cette écriture..
et je me rends compte du coup que les hommes ont cette manière de raconter l'amour , que je n'ai pas retrouvé depuis logtemps...ça me donn des idées de lectures
Oh ! que c'est dur à lire...
Il y a comme cela des "intouchables" qui gravitent dans des sphères inaccessibles et qu'on s'épuise à atteindre sans jamais pouvoir les saisir...
L'humilité de la démarche est remarquable.
Ton texte est très beau, il sonne très juste, une petite musique sensible...
dommage qu'elle ne soit pas restée..
bonne soirée
je suis passée te dire bonjour
et bonne fin de semaine
en passant , je suis venu vous relire ..c'est très touchant ! beau week end et ..au plaisir de revenir !
Elles font la queue pour entrer dans des antres qui beuglent.
ai-je lu ...
je me suis demandé s'il n'y avait pas une erreur.
Je découvre ici de très beaux textes, qui laissent une certaine émotion
Bonne soirée
j admire ce que tu as écrit
quand j ai de tels sentiments je les ressens et je ne peux pas les exprimer par ecrit ni par oral
je te souhaite un bon week end
reviens nous vite
Yes...beautiful.
L'absence d'applaudissements est plutôt une bonne chose : la note peut se prolonger à l'infini.
Tu as une trés belle "écriture", trés poétique mais les peurs que tu exprimes sont la peur de te sentir exclu,la peur d'affronter une image de toi dévalorisée et peut être une peur d'affronter l'échec. Ce n'est qu'en prenant conscience de ses peurs que l'on peut les surmonter et agir malgré tout. La vie est faite ainsi, il faut toujours se dépasser pour évoluer.
Partager le chemin de quelqu'un d'autre nous fait vivre des expériences heureuses ou moins heureuses, nous permet d'apprendre sur les sentiments ou les émotions qui nous animent mais lorsque le moment est venu et que l'un des deux n'avance plus, alors il doit choisir de se retirer, et l'autre,accepter qu'il le fasse afin que chacun poursuive sa route sur le chemin de l'évolution.
Bonne route à toi
L'ysa
merci de ta visite et du commentaire laissé en passant ! belle plume ! bonne journée à toi, christel
Une écriture où volent les pensées, joliment dit.
MErci de votre passage sur mon blog. Votre texte est magnifique, mélodie des sentiments, si bien écrite sous votre plume.
C'est très beau, très émouvant!..Texte qu'on aimerait inspirer!
c'est un beau texte très touchant,d'autant plus fort qu'il est plein de retenue
Je voulais juste passer Gondolfo, juste jeter un œil et puis j'ai été séduite par une suite de mots que je connais et qui font sens à chaque lecture!
Je reviendrai!
Beau week end
Dane
Coucou !
Il est superbe ton texte ...
Je te remercie vivement de ta petite trace sur mon blog !
Mais comment y as tu attéri ?
Bises
Stéphanie
La Mouzon Family
http://la.mouzon.family.over-blog.com
j espere ton retour sur le blog proche
je t embrasse
bon week end
L'autre garde toujours une part de mystère inaccessible, une épaisseur qu'il est bon de ne pas percer. Mais tant que reste l'envie de découvrir, tout est possible.
Merci du passage chez moi.
doux retour de pause ... soleil un peu frais ce matin ! bisous du lundi, christel
Le silence est d'or ! la pause s'impose.
Belle orchestration !
arielle
Le silence est d'or. La pause s'impose !
Belle orchestration.
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