Sunday, February 03, 2008

Constantinople


Constantinople. Istanbul.
Sons. Klaxons.Foule. Houle.
Couleurs. Saveurs. Odeurs.
Mais c'est Byzance !

Dans la torpeur huilée du narguilé
Tremblent les domes des mosquées.

Tout se bouscule et recule.
Tout se presse et se verse.
Tout se rue et se mue.
Transmutation. Pulsion.

L’air froid sue le Bosphore phosphorescent.
Les minarets bleus diffusent mille encens.
La voix du muezzin jaillit troublante et stridente
Relayée de tourelle en tourelle en notes vibrantes.
Sophie. Femme, Sainte, mosquée muséifiée.
Sous tes calligraphies sacrées, bleutées
Se terrent cachées, derrière des tentures
A l'abri des regards, les femmes impures.

Pleurent elles pour leurs aînées, jetées à la mer vivantes
Dans des sacs cousus, du sultan de Topkapi les servantes ?
Pleurent elles parce qu'elles n'ont pas de demain ?
Pleurent elles pour leurs enfants qui ont si faim ?

Dehors un faucon au bec acéré veille jalousement
Sur les babouches abandonnées au soleil levant.
Les couleurs endiablées luttent contre le noir du soir.
Les maquillages s'offrent en présent dans le grand encensoir.

Le grand pont de métal, entre l’Orient et l’Occident se tord
Comme la gigantesque aiguille d'une boussole qui perd le nord.
Un derviche tourneur tourne comme une toupie.
L'enfant sous son fez l'observe tout ébloui.

Tout se bouscule et recule.
Tout se presse et se verse.
Tout se rue et se mue.
Transmutation. Pulsion.

L’étrangère, épiée, prostituée par l’oeil sous un pont s’évanouit.
L’homme, un thé à la menthe en main, goguenard et hableur la suit.
Sous la torpeur, impalpable la peur.
Sous le tchador, des illusions la mort

Le faucon s'élance dans le vide
Des regards le suivent impavides.

Transmutation. Pulsion.

10 comments:

pandora said...

Très joli poème qui réveille mes envies de voyage, toujours très vivaces... Pandora

Anonymous said...

C'est très vivant! Saint Sophie de Constantinople, église de la sagesse devenue mosquée est un bel édifice. Les images, les couleurs, les sons, tout y est.

Anonymous said...

très beau, j'ai l'impression de me croire véritablement à Istanbul près des rives du bosphore.

merci pour ce voyage des mots !

Anonymous said...

Istanbul vit, Istanbul crie, Istanbul pleure, Istanbul demeure,
Dans ses palais, dans ce qui est laid
dans ses couleurs, dans ses fureurs,
Aujourd'hui elle séduit, ici...


Merci de ta visite

Anonymous said...

moi
je retournerai
manger du poisson salé et du gros pain
sous le pont mouvant de Galata...

Anonymous said...

Je n'ai pas encore visité l'Orient..mais tu l'évoques si bien..la puissance des images suggérées, l'émotion...la culture..tout y est..sauf le billet!..mais ce n'est pas si loin...à bientôt~~D'Ocean*~~

Anonymous said...

De bien jolis mots par ici... Le Festival aura au moins permis ça : nous offrir la découverte de jolis blogs comme le tien !

Anonymous said...

ça laisse comme une envie de voyage ... bonne journée, bises, christel

Anonymous said...

Ola Gondolfo !
Nous avons sur le blog un dessin de Contantin 1er mais j'ai complètement raté sa couleur :(
Très bel article, je confonds toujours les mosquées ;o))
Bon week-end de Pâques ^_^ @+

Anonymous said...

Magnifique image... Je reviendrai pour lire vos textes, posément, en prenant le temps de les apprécier. Belle soirée. Laëtitia