Saturday, June 16, 2007

Clermont Lounge


Les coeurs chauffent, sous la houle ambrée du whisky.
Les grands bocks de bière se reflètent au plafond
Déformés à des miroirs pendus de bas en haut.
Et soudain la salle fiévreuse et enfumée rugit.

Elle vient de paraître. Fleur effleurée.

Son sourire éclate, réfléchi en mille facettes. Elle a des jambes d'ange.
Au croisement de Ponce de Leon et de Peachtree. Au Clermont lounge.
Les cigares cubains dissipent leur fade et entêtante odeur.
La musique explose, hurle, et fait battre la chamade des coeurs.

Son sourire nous éblouit. Fleur effeuillée.

Les respirations hésitent. Quelques hurlements. On mousse les bières.
Comme des papillons verts les dollars pliés volent. Jusqu’à sa jarretière.
Pour qu’elle nous laisse pantois, sans voix, à la pâleur rosée de sa peau.
Les hommes plient l'échine jusqu'à l'estrade, bouche ouverte, sans mots.

On veut son corps qui luit. Fleur désirée.

Et plus tard, au jour qui naît, quand le sourire s’efface
Et que la glace pilée a fondu au fond des verres
Les papillons dépliés et froissés s'entassent
Dans la boite de bois noire, sur l’étagère.

Et elle pleure. Et elle pleure. Bébé mort hier. Mis en bière. Fleur violée.

1 comment:

Aude said...

J'ai presque honte d'étaler des mots sous un texte qui résume déjà tout de la vie, de l'envie, de la comédie, du sort et de la mort.
Tu es un génie.