Saturday, January 13, 2007

Le Barong


La porte de pierre lourdement sculptée
ferme l'enceinte luxuriante et bariolée.

Le petit singe s'y juge d'un air assuré.
Il joue, amusé, avec un masque ajouré.

Sous l'effet des fleurs piquées à même leurs fronts
les faciès grimaçants des statues rougoient sur le perron.

Les tentures à damiers noirs et blancs
flottent doucement au gré du vent.

Sur la place, sous leurs masques de bois, devant le palais du sultan
s'affrontent les hommes qui miment les guerres de tous les temps.

Le petit singe sourit et ajuste son masque. Il sait qui va gagner. Une fois encore.
Dans sa robe chamarrée à grands pans, le barong lourdement affronte la mort.

Les coqs de combat, aux ergots de fer, et les enfants, se taisent tout soudain.
Ondulant sous la force de ses multiples pattes le barong affronte son destin.

Les kris brillent sous la lune et se tordent sur la peau carapaçonnée.
Le petit singe bat des mains, il sait que le roi des singes va bientôt attaquer.

La terre noire usée, piétinée, ravinée
tremble sous la masse des monstres chavirés.

Bouche terrifiante, le barong piétine et ondule sa monstrueuse tête.
Au ciel un cerf volant le nargue, qui se moque bien des hommes et des bêtes.

Il nargue le réel et les rêves, les ombres et les lieux
les hommes, le mal et le bien, et même les dieux.

Il est démon de minuit.

En bois, papier maché et fil de fer.
Sa tête touche le ciel, sa queue la terre

Il est celui qui les unit.

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