Wednesday, April 11, 2012

Le Lido de Roméo

A grands coups d'oeufs de Paques en plastique, Roméo persécute avec acharnement les pigeons. Son sourire radieux illumine la façade de Saint Marc. Sa photo, happée, happée, happée, s'envole en Amérique et en Asie. Roméo est blond, il a les yeux bleus et un sourire qui fait croire à la vie.

Bateau ! bateau ! Le doigt pointe indifférement motoscafos et vaporettos en transperçant la foule qui ondule sur la houle. Pas un regard pour le pont des soupirs mais sur le porche de la Fenice Roméo tape dans les mains des élèves en goguette. Une main après l'autre. Trente ou quarante. On ne peut rien lui refuser. Roméo est blond.

Au café Florian, il monte sur la scène, applaudit, prend les maracas qu'on lui tend et joue les battements de son coeur. Maintenant c'est l'orchestre qui sourit. Une marquise le soulève pour mieux l'embrasser. Giudecca et Lido se plient pour l'enlacer. Roméo a les yeux bleus.

Devant San Giorgio un chanteur de rue, lui prend la main. Roméo a son opéra en digital diaporama. Photos. Dans la cébille pleuvent les euros. Pas un chien qui n'ait sa caresse, pas un chat sans entrechat. Pas un pont sans chanson. Roméo a un sourire qui fait croire à la vie.

Au soir, sur le patio, nichée à sa fenêtre comme une noire gargouille, une vieille femme fixe le ciel longuement, bouche ouverte, comme si elle allait avaler la lune. Roméo lui fait un signe, la lune se penche vers eux deux et leur sourit. Roméo a trois ans et toute la vie pour lui. Sa main dans la mienne et Venise pour fiancée.

2 comments:

Cécile Thérèse Delalandre said...

n'empêche, j'ai adoré valser avec Roméo au bal de Venise ! ça tournait mais j'ai bien tout vu et c'était joli! *_*

Marc de Gondolfo said...

Cortisone : message effacé par erreur et je ne trouve plus le lien. Triste.